Le procès du commandant du Costa Concordia, Francesco Schettino, s'ouvre mardi au tribunal de Grosseto (Toscane), un an et demi après le tragique naufrage du paquebot de croisière qui avait fait 32 morts.

Plus de 400 témoins et 250 parties civiles seront cités pour ce procès fleuve, prévu pour durer des mois. Mais le début des audiences pourrait être reporté, dès son ouverture, au 17 juillet en raison d'une grève nationale des avocats.

Objet de toutes les critiques et de tous les sarcasmes - la presse italienne l'a présenté à l'époque comme «l'homme le plus détesté d'Italie» -, l'ex-commandant est poursuivi pour homicides multiples par imprudence, abandon de navire et dommages causés à l'environnement.

M. Schettino risque de se retrouver seul sur le banc des accusés, les cinq autres personnes mises en cause ayant obtenu le feu vert du Parquet pour une peine négociée avec le tribunal.

Il s'agit du directeur de l'unité de crise du Costa, Roberto Ferrarini, du timonier indonésien Jacob Rusli Bin et de trois autres membres d'équipage.

Une audience préliminaire, durant laquelle le juge Pietro Molino se prononcera sur ces peines négociées, est prévue lundi, mais elle pourrait aussi être reportée au 20 juillet en raison de la grève.

Pour accueillir la forte affluence prévue - témoins et presse compris -, le procès se tiendra au Théâtre moderne de Grosseto.

Le principal collectif de victimes françaises du naufrage du Concordia a annoncé vendredi avoir décidé de ne pas assister au procès et de seulement se faire représenter par ses avocats. «Nous ne souhaitons pas cautionner un procès qui s'annonce comme déjà tronqué et bien en deçà du vrai enjeu : celui de la sécurité pour tous», écrit sa présidente Anne Decré dans un communiqué.

Déplorant que «rien n'ait été prévu» pour accueillir les victimes françaises à Grosseto, l'association craint que les débats «ne se cantonnent à de multiples diversions et digressions techniques, occultant la dimension humaine du drame».

Parmi les 347 témoins de l'accusation figurent Domnica Cemortan, la jeune Moldave présente sur le pont au côté de Schettino au moment du naufrage, et Gregorio De Falco, le chef de la capitainerie du port de Livourne qui avait sommé en termes très crus au capitaine de remonter à bord du navire. L'enregistrement de cette conversation au téléphone avait fait le tour du monde, contribuant au surnom de «Capitaine Couard» donné au commandant Schettino.

Ses avocats ont pour leur part cité une centaine de témoins.

Quant à M. Schettino, resté plutôt silencieux ces derniers mois, il a affirmé que «la prison ne lui faisait pas peur». «Je suis en paix avec ma conscience», a-t-il affirmé au moment de l'annonce de la date de son procès : «je suis serein, j'irai au procès en sachant que je peux expliquer les faits avec calme».

Ses avocats ont tenté d'obtenir un accord à l'amiable sur la sanction en échange d'une reconnaissance au moins partielle de culpabilité, mais le juge des audiences préliminaires a décidé qu'il devait être jugé.

Dans la nuit du 13 janvier 2012, le Costa Concordia, un paquebot de 114 500 tonnes, avait heurté un écueil près de la côte et s'était échoué sur des rochers à quelques dizaines de mètres de l'île toscane du Giglio avec à son bord 4229 personnes, dont 3200 touristes.

Trente-deux personnes ont trouvé la mort dans ce naufrage et les corps de deux d'entre elles n'ont jamais été retrouvés.

Parmi les 250 parties civiles figurent Costa Croisières, propriétaire du navire, l'État italien ainsi que l'île du Giglio, où l'énorme épave gît encore sur le flanc à quelques encablures du port, en attendant son renflouement, une véritable prouesse technique plusieurs fois reportée et prévue désormais en août-septembre.

Des dizaines de rescapés ont en outre entamé des poursuites devant des tribunaux civils contre Costa.

La plupart de ceux qui n'ont pas été blessés ou n'ont pas perdu de proches ont accepté une indemnisation standard d'environ 11 000 euros proposée par Costa.

Quant à la compagnie, elle a été condamnée en avril à verser une amende d'un million d'euros au terme d'une procédure négociée au cours de laquelle elle a reconnu sa responsabilité administrative, ce qui lui permet d'échapper à un procès au pénal.