Le roi des Belges, Albert II, a annoncé mercredi dans une allocution radiotélévisée sa décision d'abdiquer en faveur de son fils aîné, le prince Philippe, le 21 juillet, jour de la fête nationale de la Belgique, après vingt ans de règne.

«C'est avec sérénité et confiance que je vous fais part de mon intention d'abdiquer ce 21 juillet 2013, jour de notre fête nationale en faveur du prince héritier, mon fils Philippe», a déclaré le roi Albert, depuis le palais royal à Bruxelles.

«Après 20 ans de règne, j'estime que le moment est venu de passer le flambeau à la génération suivante», a expliqué le monarque de 79 ans, en justifiant sa décision par sa santé chancelante.

«Je constate que le prince Philippe est bien préparé pour me succéder. Il jouit avec la Princesse Mathilde de toute ma confiance», a-t-il ajouté.

Ce départ était évoqué depuis plusieurs mois dans les milieux politiques et médiatiques, alors qu'Albert II apparaissait de plus en plus fatigué et soucieux de passer la main.

Né le 6 juin 1934, le deuxième fils de Léopold III et de la reine Astrid était devenu le sixième monarque belge le 9 août 1993, après le décès inopiné de son frère, le roi Baudouin, qui n'avait pas eu d'enfant.

Albert II est le premier souverain à quitter volontairement le pouvoir dans l'histoire du pays.

Intervenant quelques minutes après le roi, le premier ministre Elio Di Rupo a assuré que Philippe s'était «préparé avec un grand sens des responsabilités» et qu'il avait prouvé qu'il «aimait la Belgique».

Le prince héritier souffre jusqu'à présent d'une faible popularité en raison surtout de sa timidité et des doutes sur ses capacités à endosser l'habit. Mais il pourra compter sur le charme de son épouse, Mathilde, l'un des membres préférés de la famille royale.

Albert II, symbole de l'unité de la Belgique

Dans les rues de Bruxelles, l'annonce de l'abdication a provoqué peu de surprise. «Je m'y attendais», a indiqué Nathalie Clicteur, une employée de 47 ans, pour qui «le roi est vieux et a droit à une retraite bien méritée».

Quelque dizaines de personnes se sont rassemblées devant le palais, brandissant des drapeaux belges, pour saluer Albert II.

La famille royale est bien plus populaire auprès des Wallons que des Flamands qui, selon les sondages, souhaitent qu'elle joue un rôle moins important dans la vie du royaume. Un petit nombre d'entre eux plaident pour un abandon de la monarchie et un éclatement du pays.

Arrivé au pouvoir dans la discrétion, Albert II a joué un rôle politique de premier plan en devenant le symbole de l'unité de la Belgique écartelée entre francophones et néerlandophones.

Il a ainsi joué un rôle central de médiateur durant la longue crise politique de 2010-2011, en tentant de rassembler une majorité pour doter le pays d'un gouvernement stable. Son implication avait été saluée par tous les partis, à l'exception des indépendantistes flamands de la N-VA.

L'abdication intervient moins d'un an avant une échéance politique très sensible, les élections législatives de mai 2014, qui pourraient montrer une nouvelle poussée des nationalistes flamands et provoquer une nouvelle crise politique.

Les dernières semaines ont été difficiles pour Albert II avec le retour, dans l'actualité, de l'affaire de sa fille naturelle présumée, Delphine Boël, une artiste plasticienne de 45 ans. Cette dernière a assigné en justice, le 17 juin, Albert II, le prince héritier Philippe et sa soeur, la princesse Astrid, ainsi que son père légal, Jacques Boël, afin que des tests ADN soient réalisés pour prouver qu'elle est le quatrième enfant du souverain belge, qui ne l'a jamais reconnue. Albert II n'a fait aucune déclaration publique sur cette affaire.

Cette abdication intervient dans un contexte de changement de génération dans certaines monarchies d'Europe. La reine Beatrix des Pays-Bas a choisi de laisser le trône à son fils Willem-Alexander le 30 avril après 33 ans de règne. La perspective d'une abdication est également évoquée en Espagne.