Le Parlement européen doit se prononcer mardi sur une levée de l'immunité de Marine Le Pen, ce qui ouvrirait la voie à une procédure judiciaire contre la présidente du Front national après des propos assimilant les «prières de rue» des musulmans à une «occupation», propos que l'intéressée a maintenus lundi.

Le vote sur cette levée d'immunité, à la demande du parquet de Lyon qui souhaite poursuivre Mme Le Pen, est prévu vers midi. Le 19 juin, la commission des Affaires juridiques du Parlement s'était déjà prononcée à une large majorité pour la levée de l'immunité. Mardi, l'ensemble des députés, réunis en session plénière à Strasbourg, devrait confirmer ce vote.

La présidente du FN, eurodéputée depuis 2004, a déjà anticipé cette décision. «Oui, ça va arriver parce que je suis une dissidente», mais «je ne le crains absolument pas» et «je m'en moque», a-t-elle affirmé lundi sur LCI.

Elle a également estimé qu'on voulait l'incriminer pour «un délit d'opinion», et maintenu les propos tenus en décembre 2010 qui lui valent des poursuites. Elle avait alors dénoncé dans un discours les «prières de rue» de musulmans, les qualifiant «d'occupation», sans «blindés (ni) soldats», mais d'«occupation tout de même».

Son délit est, à ses yeux, «d'avoir osé dire ce que tous les Français pensent, c'est-à-dire que les prières de rue - dont je leur indique qu'elles continuent à se dérouler sur le territoire français - sont une occupation», a-t-elle martelé.

«Je le maintiens. Ma levée d'immunité parlementaire sera votée par mes adversaires politiques UMP-PS. Cela ne me pose aucun problème», a poursuivi Mme Le Pen sur LCI.

C'est pour «tenter de m'intimider», a-t-elle soutenu. «Je remarque que l'immunité est conservée pour des députés qui tapent dans la caisse» mais pas «quand il s'agit d'un propos politique (...). Il va y avoir un procès» et «j'espère le gagner», a-t-elle ajouté, revendiquant sa «liberté d'expression».

Avant Mme Le Pen, Bruno Gollnisch, autre eurodéputé du Front National, a été privé à deux reprises de son immunité parlementaire après des propos qui avaient donné lieu à des poursuites en France.

Et en 1998, son père Jean-Marie Le Pen avait été visé par la même procédure après avoir déclaré que les chambres à gaz nazies étaient «un détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale».