Les dirigeants européens ont applaudi vendredi à Bruxelles l'entrée de la Croatie, qui deviendra lundi le 28e membre de l'Union européenne, et ouvert la porte à la Serbie, une étape «historique» vingt ans après l'éclatement violent de l'ex-Yougoslavie.

Ce septième élargissement de l'UE en 60 ans a été officialisé au second jour du sommet des chefs d'État et de gouvernement, de nouveau largement dominé par les questions économiques et sociales.

Les 27 se sont notamment mis d'accord pour mobiliser environ huit milliards d'euros dans la lutte contre le chômage des jeunes, véritable fléau dans de nombreux pays européens.

Les chefs d'État et de gouvernement ont également avancé dans la construction de l'union monétaire avant de se séparer en début d'après-midi.

Anticipant de deux jours le calendrier et l'adhésion officielle de la Croatie à l'UE, le Premier ministre croate, Zoran Milanovic, a été invité à prendre place autour de la table aux côtés de ses futurs homologues.

«C'est véritablement un moment historique pour la Croatie (...) Vous êtes désormais un membre à part entière de l'Union européenne», a déclaré Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, provoquant les applaudissements dans la salle.

«Votre entrée (...) après une récente période de guerre, nous rappelle l'objectif fondamental de l'Europe: vivre ensemble en paix, vivre ensemble dans la prospérité», a-t-il ajouté.

Cette entrée du deuxième pays issu de l'ex-Yougoslavie, après la Slovénie en 2004, sera célébrée dimanche soir à Zagreb par plusieurs dirigeants européens.

D'autres pays des Balkans frappent à la porte, à l'instar du Montenegro, de la Macédoine, de la Bosnie-Herzégovine, du Kosovo mais aussi et surtout de la Serbie, le plus peuplé d'entre eux.

Désaffection des Européens

Belgrade a vu ses efforts récompensés car les 27 ont décidé d'«ouvrir les négociations d'adhésion avec la Serbie», a annoncé M. Van Rompuy.

Ce long et complexe processus visant à harmoniser les lois et règlements de la Serbie avec ceux du bloc européen débutera «d'ici janvier au plus tard», a-t-il précisé.

La plupart des dirigeants auraient préféré le lancer dès l'automne mais l'Allemagne a insisté sur une date plus éloignée.

«Vous pouvez être sûrs que la Serbie fera tout pour accélérer les réformes. Nous ne voulons plus perdre de temps, nous appartenons à la famille européenne», a affirmé le Premier ministre Ivica Dacic lors d'une visite à Bruxelles cette semaine.

Il a émis le souhait que les négociations ne durent que «quatre, cinq ans», et «non dix ans».

Mais huit ans ont été nécessaires à la Croatie pour répondre aux critères fixés par les Européens, rendus plus exigeants depuis le début de la crise financière et à la lumière des difficultés rencontrées par les deux membres les plus récents, la Bulgarie et la Roumanie, entrés en 2007.

Ce durcissement répond aussi à la désaffection des citoyens européens puisque, selon un récent sondage d'Eurobaromètre, 52% d'entre eux sont opposés à un nouvel élargissement.

Mais il serait délicat de fermer les portes de «la famille européenne» aux pays des Balkans, qui y voient la voie la plus sûre pour tourner la page du traumatisme lié à l'ex-Yougoslavie dans les années 1990.

«C'est la perspective d'une adhésion à l'UE qui a conduit les pays de l'ex-Yougoslavie à livrer la quasi-intégralité de leurs criminels de guerre présumés au Tribunal pénal international de La Haye, et donc à créer les conditions d'une paix durable dans la région», soulignent Sami Andoura et Yves Bertoncini, dans une étude publiée cette semaine par l'institut Notre Europe.

Les 27 ont proposé au Kosovo d'entamer les négociations en vue d'un «accord de stabilisation et d'association», première étape en vue d'une éventuelle candidature à l'UE.

La question du Kosovo est sensible parce que cinq pays de l'UE, dont l'Espagne, ne reconnaissent pas son indépendance proclamée en 2008.

La Serbie et le Kosovo ont signé, le 19 avril, un accord, présenté comme «historique», de normalisation de leurs relations après des mois de difficiles négociations.