Chômage élevé, perturbations sociales, déficits publics gigantesques: la France va mal. Une situation qui commence à peser lourd sur le moral des Français, dont le niveau de confiance est tombé à un creux jamais vu depuis 1972.

Caroline Eisenstein sait que les prochaines années seront difficiles pour elle et ses amis. Avec la situation économique qui se dégrade mois après mois en France, l'étudiante de 20 ans en services paramédicaux s'attend à devoir redoubler d'ardeur pour espérer un jour décrocher un bon emploi.

«Le moral est bas, et les jeunes sont au courant très tôt de la situation économique du pays, dit la Parisienne rencontrée dans le 11e arrondissement. On sait qu'il faudra bosser bien plus fort que nos parents; on n'a plus l'insouciance qu'ils avaient à 20 ans...»

Ce sentiment de désillusion est de plus en plus répandu en France. En fait, selon une étude publiée hier par l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), la confiance des ménages français a reculé en juin à son niveau le plus bas depuis 1972.

L'indicateur utilisé par l'INSEE pour calculer la confiance - qui affiche une moyenne de 100 - a fléchi à 78 points en juin. Même au plus fort de la crise financière de 2008, cet indice n'était jamais descendu sous la barre des 79.

Preuve de la dégradation rapide de l'économie française, l'indicateur se situait encore à 90 points il y a à peine un an. «C'est évident que les gens ne sont pas très optimistes en ce moment», résume Laurent Calvet, professeur de finances à HEC Paris.

Récession confirmée

La publication de ces données survient à peine quelques jours après la confirmation d'une nouvelle que tous appréhendaient ici: la France est bel et bien en récession.

L'activité économique s'est contractée de 0,2% au premier trimestre de l'année, après un recul équivalent pendant les trois derniers mois de 2012. Ces deux baisses d'affilée répondent à la définition d'une récession.

Autre tuile pour l'État français: les comptes publics seront dans le rouge à la fin de l'année. Bien davantage que ce qui était prévu.

Selon un document budgétaire obtenu par Le Figaro, le déficit français s'élèvera au moins à 80 milliards d'euros en fin d'année (109 milliards de dollars), alors qu'on prévoyait récemment un trou déjà énorme de 60,5 milliards.

Dans le flot de nouvelles déprimantes qui s'abat sur le pays depuis des mois, une petite lueur d'espoir s'est glissée cette semaine. Le nombre de chômeurs s'est stabilisé en mai, une première depuis deux ans.

Le ministère du Travail avertit toutefois que le nombre de sans-emploi devrait repartir à la hausse dans les prochains mois, ce qui corrobore plusieurs autres pronostics.

Le professeur Laurent Calvet estime que la confiance des ménages - et la croissance - devraient malgré tout redécoller, comme elles l'ont fait après la «sinistrose» des années 90. «Oui, je pense que ça va finir par repartir, même si c'est vrai qu'en ce moment, les gens sont très pessimistes. Mais il ne faut pas oublier que les Français ont tendance à être toujours pessimistes...»

LA RÉCESSION EN CHIFFRES

78 points : Niveau de l'indice de confiance des ménages français, un creux jamais vu depuis la création de l'indice en 1972

80 milliards : Déficit public prévu cette année en France, en euros

- 0,2% : Baisse du PIB en France au 1er trimestre de 2013

3,26 millions : Nombre de chômeurs en France, un record