L'ancien trésorier du Parti populaire au pouvoir en Espagne, Luis Barcenas, au coeur de plusieurs scandales qui touchent son parti PP, a été placé jeudi en détention provisoire, dans le cadre d'une vaste affaire de corruption.

Le juge chargé du dossier, Pablo Ruz, a décidé dans son arrêt «la prison provisoire sans possibilité de remise en liberté sous caution de Luis Barcenas», notamment pour délits présumés «contre l'administration publique, contre les services fiscaux, et pour blanchiment de capitaux».

Cette incarcération vise à «éviter le risque de fuite et assurer en même temps la préservation des éléments de preuve liés aux délits présumés», ajoute l'arrêt.

Le juge d'instruction du tribunal de l'Audience nationale de Madrid avait déjà confisqué le passeport de Luis Barcenas en février et lui avait interdit de quitter le territoire espagnol.

Jeudi, le magistrat a suivi les réquisitions du parquet qui voyait également un risque de fuite à l'étranger.

«Le risque de fuite est plus élevé car la Suisse a indiqué qu'il transférait des fonds vers les États-Unis et l'Uruguay depuis ceux de ses comptes en Suisse qui n'ont pas été bloqués», avait expliqué une source judiciaire.

La justice espagnole avait annoncé le 14 juin avoir découvert que l'ancien trésorier détenait en 2007 un compte en Suisse doté de 25 millions d'euros (34 millions de dollars), en plus d'un autre compte de 22 millions (30 millions) déjà découvert dans le pays.

Luis Barcenas était entendu jeudi par le juge qui souhaitait qu'il s'explique sur l'origine de sa fortune, dans le cadre de «l'affaire Gürtel», un scandale de corruption qui empoisonne la droite espagnole depuis 2009.

Mais l'ex-trésorier est aussi au coeur d'une autre affaire qui a jeté le soupçon sur les plus hauts dirigeants du Parti populaire, dont l'actuel chef du gouvernement Mariano Rajoy, depuis l'ouverture fin janvier, par le parquet anti-corruption, d'une enquête sur l'éventuelle existence d'une comptabilité occulte au sein de cette formation.

Mariano Rajoy a nié avoir perçu des sommes illégales.

La justice espagnole avait estimé fin mars qu'un lien existait entre l'enquête sur une présumée comptabilité occulte et «l'affaire Gürtel», décidant dès lors de confier les deux dossiers au juge Ruz.

Accueilli aux cris de «voleur» par un petit groupe de manifestants, Luis Barcenas a été entendu jeudi par le juge Ruz qui l'avait mis en examen le 10 juin, avec son épouse, notamment pour «blanchiment d'argent» dans le cadre d'une vente présumée fictive de tableaux pour 500 000 euros (682 000 dollars).

Mais la décision a créé la surprise au sein même des parties civiles dont une, l'association des avocats démocrates européens, avait demandé la prison avec une possible remise en liberté sous caution.

«Cela m'a beaucoup surpris». Le juge «l'a expliqué en disant que c'est ce que voulait le parquet», a affirmé à la presse José Mariano Benitez de Lugo, avocat de l'association.

Le parquet a également demandé que soit imposée à l'ex-trésorier une caution civile de 28,1 millions d'euros.