Le premier ministre britannique David Cameron a demandé lundi à Scotland Yard d'ouvrir «immédiatement» une enquête après des révélations sur les agissements de la police, soupçonnée d'avoir espionné il y a dix ans les proches de la victime d'un crime raciste pour «les salir».

«Le premier ministre est très préoccupé par les informations indiquant que la police voulait salir la famille de Stephen Lawrence et souhaite que Scotland Yard ouvre immédiatement une enquête», a indiqué Downing Street dans un communiqué.

Scotland Yard a déclaré de son côté que ces informations allaient faire l'objet d'un «examen approfondi».

Le quotidien The Guardian a publié dimanche le témoignage d'un ancien agent infiltré, Peter Francis, qui a affirmé avoir participé à une opération ciblant les proches de Stephen Lawrence, un jeune homme noir de 18 ans poignardé à mort à un arrêt d'autobus à Londres le 22 avril 1993. Une attaque dite raciste.

La première enquête de police sur ce meurtre avait été entachée de «racisme institutionnel», selon un rapport officiel qui avait provoqué une vive polémique. M. Cameron a déclaré être profondément inquiet par rapport à cette affaire.

Selon l'ex-agent, la police lui avait demandé de se faire passer pour un militant antiraciste afin de tenter de trouver des informations susceptibles de discréditer la campagne lancée pour réclamer une enquête plus approfondie sur la mort de l'adolescent.

«Ils voulaient que la campagne s'arrête. Ils avaient l'impression que cela devenait énorme», a expliqué Peter Francis. «Dès le début de l'opération, une pression constante était exercée sur moi pour que je trouve n'importe quoi qui puisse discréditer cette campagne».

Deux Blancs, Gary Dobson et David Norris, ont été condamnés en janvier 2012 pour le meurtre de Stephen Lawrence. Leur condamnation à la prison à vie a été confirmée en appel en août. La police poursuit l'enquête pour démasquer d'éventuels complices.

L'ancien patron de la Scotland Yard, Paul Condon, a soutenu qu'il n'avait jamais autorisé ou encouragé de campagne de salissage contre la famille Lawrence et a dit être à la fois choqué et consterné par les révélations de Peter Francis.

La secrétaire britannique de l'Intérieur, Theresa May, doit fournir de plus amples détails concernant l'investigation sur les allégations à l'occasion d'une déclaration au Parlement plus tard lundi.