Le premier ministre tchèque Petr Necas a officiellement démissionné lundi, suite à un scandale de corruption impliquant sa plus proche collaboratrice, et son gouvernement a été chargé par le chef de l'État d'expédier les affaires courantes.

M. Necas a remis sa démission au président Milos Zeman lundi soir. Comme le veut la Constitution, sa démission entraîne aussi la fin de son gouvernement.

«Je vous demande d'expédier les affaires courantes jusqu'à la nomination du nouveau gouvernement, et de ne pas prendre de décisions stratégiques», a déclaré le président.

M. Zeman a annoncé qu'il allait s'entretenir d'ici la fin de la semaine avec les chefs des partis représentés au parlement, «pour discuter de la situation politique».

Le scandale a éclaté avec la mise en détention provisoire de la directrice de cabinet de M. Necas, Jana Nagyova, 48 ans, une blonde flamboyante présentée comme sa maîtresse par la presse populaire.

M. Necas a également démissionné de son poste de chef du parti de droite ODS, l'une des trois composantes qui forment la coalition au pouvoir depuis juillet 2010, avec le parti TOP 09 (droite) et la petite formation centriste LIDEM.

Ces trois partis plaident pour la poursuite du cabinet avec un nouveau Premier ministre proposé par l'ODS, alors que l'opposition de gauche réclame l'organisation d'élections anticipées, dans les plus brefs délais. Le parti social-démocrate CSSD est donné largement favori pour le prochain scrutin.

M. Zeman avait toutefois déclaré récemment qu'il souhaitait l'organisation des législatives en même temps que les élections européennes les 24 et 25 mai 2014, afin d'économiser l'argent des contribuables.

«Pour l'ODS, le maintien de l'actuel concept de la coalition revêt une importance clé», a affirmé lors d'un point de presse le ministre de l'Industrie et vice-président de l'ODS, Martin Kuba.

Selon lui, l'ODS va annoncer «dans les jours à venir» le nom de son candidat censé remplacer M. Necas à la tête du gouvernement.

Ce candidat doit bénéficier du soutien de la coalition tripartite et en même temps être acceptable pour le président Zeman, vétéran de la gauche tchèque, a insisté M. Kuba, lui aussi cité parmi les candidats potentiels.

Selon la presse de Prague, la candidature de M. Kuba serait toutefois difficilement acceptable pour TOP 09.

Sur le papier, la coalition peut compter sur 98 des 200 membres de la Chambre basse. L'opposition dispose, elle, de 91 voix. Les voix d'une dizaine de députés indépendants revêtent ainsi une importance cruciale.

«Ni les partis gouvernementaux, ni certains députés indépendants ne sont intéressés par des élections anticipées. À mon avis, la coalition sera maintenue», a estimé le politologue Milos Brunclik, à l'antenne de la télévision publique CT 24.

Selon la présidente de la Chambre basse Miroslava Nemcova (ODS), l'actuelle crise risque de se prolonger pendant «plusieurs semaines».

L'interpellation de Mme Nagyova est intervenue lors d'une vaste opération policière. Elle a été mise en examen pour corruption et abus de pouvoir, après avoir notamment utilisé le service de renseignement militaire pour une filature illégale de l'épouse de M. Necas dont il vient de divorcer.

Sept autres personnes dont deux généraux et un colonel du service de renseignement militaire ont également été mis en examen en liaison avec cette affaire.

L'opération policière menée la semaine dernière visait également trois anciens députés de l'ODS et plusieurs hommes d'affaires et lobbyistes controversés, liés à la mairie de Prague et soupçonnés de nombreuses malversations.

Ces derniers ont toutefois réussi à quitter le pays peu avant le coup de filet de la police.

La police estime que Mme Nagyova pourrait être impliquée dans toutes ces affaires. Elle risque jusqu'à cinq ans de prison.