Le soldat tué mercredi à l'arme blanche lors de l'attaque de deux islamistes présumés à Londres avait servi en Afghanistan, ont révélé jeudi les autorités britanniques qui ont multiplié les appels au calme et déployé 1.200 policiers supplémentaires dans la capitale pour prévenir tout débordement.

Deux autres personnes, un homme et une femme âgés de 29 ans, ont en outre été interpellées pour complicité de meurtre, tandis que les deux meurtriers présumés étaient toujours à l'hôpital, après avoir été blessés par la police sur les lieux du drame. La vie des deux suspects, âgés de 22 et 28 ans, n'est pas en danger, a précisé la police.

Un peu plus de 24 heures après le drame, le ministère de la Défense a identifié le militaire poignardé à mort en pleine rue. Lee Rigby, 25 ans, qui ne portait pas l'uniforme au moment des faits, «était un vrai guerrier et a servi avec distinction en Afghanistan (en 2009), en Allemagne et à Chypre», selon le lieutenant-colonel Jim Taylor.

L'un des suspects a expliqué dans une vidéo filmée par un passant avoir agi en représailles au fait que «des musulmans sont tués quotidiennement par des soldats britanniques». «Avec ce soldat britannique, c'est oeil pour oeil et dent pour dent», ajoute le jeune homme noir, tenant dans ses mains ensanglantées un long couteau de cuisine et un hachoir de boucher, alors que la victime gît quelques mètres derrière lui sur la chaussée d'une rue animée.

Le président américain Barack Obama a qualifié cet acte d'«effroyable», et assuré que les États-Unis étaient solidaires du Royaume-Uni «contre l'extrémisme violent et le terrorisme».

Le premier ministre britannique David Cameron, qui a tenu jeudi une réunion de crise après ce crime, a, lui, estimé que ce meurtre était une «trahison envers l'islam et envers les communautés musulmanes qui apportent tant à notre pays», affirmant que l'extrémisme serait «vaincu, en restant unis».

Le conseil musulman britannique qui agrège plus de 500 associations ou fondations musulmanes et mosquées a aussi appelé «au calme et à l'unité des communautés», condamnant cet «acte barbare» qui n'a «aucune justification dans l'islam».

Par crainte de débordements, 1200 policiers supplémentaires ont été déployés jeudi soir dans la capitale britannique, «dans des emplacements clés parmi lesquels les sites religieux, les transports en commun et les zones d'affluence», afin de «rassurer les gens», selon Scotland Yard. La sécurité avait été renforcée dès mercredi soir devant toutes les casernes militaires de Londres.

La veille des échauffourées avaient opposé la police et quelque 250 manifestants anti islamistes sympathisants de l'English Defence League.

M. Cameron a, par ailleurs, évoqué la possibilité que les auteurs présumés de cette «attaque horrible» aient été connus de la police. L'un des suspects a été interpellé l'an dernier alors qu'il quittait le pays, ont ajouté des sources gouvernementales citées par la BBC.

Dans une interview à l'AFP, le prêcheur radical Anjem Choudary, ancien bras droit d'Omar Bakri dans l'organisation radicale Al Muhajiroun interdite au Royaume-Uni, a identifié l'un des agresseurs qui revendique le meurtre sur la vidéo.

«Je connaissais l'un des deux, Mujahid. Il avait l'habitude de participer à nos activités pendant des années», a-t-il confié, confirmant qu'il était d'origine nigériane.

Selon les médias britanniques, il s'agit de Michael Adebolajo, un jeune homme de 28 ans qui s'est converti à l'islam en 2003.

C'était «un gars très tranquille, pas violent du tout, très agréable», a assuré M. Choudary. «Nous avons perdu tout contact avec lui il y a trois ans. Je ne sais pas ce qu'il est devenu depuis, mais ce que nous avons vu hier a été un peu un choc», a-t-il ajouté. «Il n'était pas membre d'Al Muhajiroun (...), mais il a participé à plusieurs activités, à des manifestations, à des défilés, des conférences, etc..», a-t-il expliqué.

Pour plusieurs experts britanniques, ce crime est vraisemblablement le fait de «loups solitaires» endoctrinés sur des forums internet qui diffusent les vidéos sanglantes de décapitations ou d'exécutions filmées en Syrie, en Afghanistan ou en Irak par les groupes islamistes partageant l'idéologie radicale d'Al-Qaïda.