Un deuxième cas d'infection par le nouveau coronavirus a été annoncé dans la nuit en France, chez le voisin de chambre du premier malade, confirmant une transmission d'homme à homme rare, mais possible du virus.

Le ministère de la Santé a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche que l'homme qui avait partagé pendant trois jours, du 27 au 29 avril, la chambre du malade à l'hôpital de Valenciennes, alors que la pathologie respiratoire n'était pas encore connue, avait bien contacté le coronavirus (NCoV).

En revanche, pour l'autre cas qui restait suspect, un jeune homme, membre de la famille du malade, resté chez lui, les résultats sont négatifs.

En milieu de journée, le deuxième malade a été transféré du service d'infectiologie à celui de la réanimation, en raison «d'une aggravation de son état clinique», selon le CHRU de Lille.

Ce patient a plus de mal à respirer, car «ses besoins en oxygène se sont aggravés», a déclaré une porte-parole, mais il n'est pas à ce stade placé sous assistance respiratoire, à l'inverse du premier malade.

«Cela veut dire qu'une fois que vous avez une contamination, il y a une progression qui se fait avec une atteinte pulmonaire qui peut devenir sévère comme c'est le cas chez ce patient», a indiqué sur France 2 le Pr Benoît Guéry, chef du service d'infectiologie du CHRU.

Mais pour le médecin, ce deuxième cas ne doit pas susciter d'inquiétude démesurée, car le nouveau coronavirus est «heureusement moins contagieux que le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère)».

«On est sur un virus qui circule depuis un peu plus d'un an, et on a 34 cas, alors pour que le SRAS, en quelque mois, on est arrivé à 8000 cas», a-t-il expliqué.

Selon lui, si les mesures adéquates sont prises, «il y a un risque qui est extrêmement faible d'avoir des contaminations secondaires, sauf bien entendu s'il y avait des mutations du virus», conclut-il.

En parallèle, le premier malade, un homme de 65 ans hospitalisé en réanimation, était toujours dans un état «très sérieux» dimanche, bien que «stabilisé», selon l'hôpital.

Un dispositif spécifique a été mis en place au CHRU de Lille, avec le renfort «d'équipes dédiées, formées pour gérer les situations infectieuses. Ce sont les mêmes équipes qui tournent pour éviter une éventuelle contamination» d'autres membres du personnel, a précisé la porte-parole.

Une enquête épidémiologique avait été lancée à la suite de la confirmation, le 7 mai, du premier cas d'infection en France par ce virus proche du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) chez un malade de 65 ans ayant voyagé à Dubaï et hospitalisé à son retour au centre hospitalier de Valenciennes, puis à Douai et enfin au CHRU de Lille.

124 personnes au total avaient été identifiées pour des investigations. Cette enquête va désormais être étendue aux «personnes ayant été en contact avec ce nouveau cas d'infection», précise le ministère.

Par ailleurs, trois soignants de Douai et Valenciennes ont pu rentrer chez eux après avoir été déclarés hors de danger.

Le premier malade, qui a besoin d'une assistance respiratoire, s'était présenté le 23 avril au centre hospitalier de Valenciennes (Nord), où il était suivi pour une maladie chronique, et présentait alors des troubles digestifs, ce qui explique qu'il n'ait pas été isolé.

Le service de réanimation étant complet, il avait ensuite été transféré le 29 avril au centre hospitalier de Douai (Nord), où des troubles respiratoires avaient été constatés.

Les résultats publiés dans la nuit confirment la possible transmission d'homme à homme, déjà mise au jour en Grande-Bretagne.

Un Britannique tombé malade après avoir séjourné au Pakistan puis en Arabie Saoudite, principal foyer suspecté pour le NCoV, avait en effet contaminé à son retour en Grande-Bretagne deux autres personnes sur 103 «contacts proches» identifiés.

Avant ces cas britanniques, deux autres «foyers» avaient été comptabilisés, en Jordanie et en Arabie saoudite, mais sans «évidence claire de transmission de personne à personne», selon l'agence sanitaire britannique Health Protection Agency (HPA).

Selon le professeur Yasdan Yasdanpanah, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Bichat, à Paris, interrogé avant les résultats, le fait qu'il y ait transmission d'homme à homme n'est ni totalement inattendu ni «complètement alarmant».

D'autant que lorsqu'il y a contamination, le deuxième cas semble moins virulent. L'Organisation mondiale de la santé (OMS), bien que constatant qu'il n'y avait pour l'heure aucun signe de «transmission soutenue» du coronavirus, a toutefois décidé d'envoyer une mission en Arabie Saoudite.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé la mise en place d'un système d'information dans les aéroports internationaux pour les voyageurs à destination de la péninsule arabique.

Elle devait organiser dimanche après-midi une conférence de presse au siège de l'Institut de veille sanitaire (InVS), près de Paris, au sujet du deuxième cas d'infection par le coronavirus).

Un tract, recommandant de se laver les mains régulièrement et d'éviter tout contact avec les animaux, sera distribué aux comptoirs des compagnies aériennes.

Au total, 34 cas confirmés dans le monde de ce nouveau virus ont été notifiés à l'OMS depuis septembre 2012 et 18 personnes en sont mortes, dont 11 en Arabie saoudite.