Un monument à l'effigie du dictateur soviétique Joseph Staline a été inauguré mercredi à Iakoutsk (Extrême-Orient russe), la veille des célébrations du 9 mai en Russie pour commémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale, rapporte l'agence Interfax.

«Les actions des personnages historiques doivent être jugées en fonction des résultats et non des émotions», a déclaré le secrétaire du Parti communiste local, Kazbek Taïssaev, soulignant au cours d'une cérémonie d'inauguration du monument, le rôle important joué par Staline pour vaincre le régime nazi.

Les communistes de Iakoutie, une république grande comme deux fois l'Allemagne qui s'étend au-delà du cercle Arctique, avait effectué une première demande en 2007 pour l'érection d'un tel monument, mais l'ancien maire de Iakoutsk avait refusé. Son successeur n'y a vu, en revanche, aucune objection.

L'ex-dissidente soviétique Lioudmila Alexeeva, très active dans la défense des droits de l'homme en Russie, a estimé que l'apparition d'un tel monument était inadmissible, selon Interfax.

Le règne stalinien a été marqué par un régime de terreur et d'arbitraire, la déportation de peuples entiers (Tchétchènes, Ingouches, Tatars de Crimée, etc.) et la mort de millions de personnes, fusillées ou exterminées dans les camps de travail.

Mais depuis le milieu des années 1990, son image s'est progressivement améliorée, les réformes libérales provoquant une montée de la nostalgie pour l'époque soviétique. Et avec l'arrivée de Vladimir Poutine à la tête de l'État en 2000, le processus de réhabilitation du dictateur s'est poursuivi, la position du président russe sur le sujet n'étant pas sans équivoque.

L'attitude des Russes envers Staline demeure ambivalente, entre la condamnation de la terreur et des répressions et son rôle dans la victoire à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Cette victoire est commémorée le 9 mai dans l'ex-URSS, l'acte de capitulation ayant été signée tard le soir du 8 mai 1945 à Berlin, soit le 9 mai heure de Moscou.

bfi/gmo/pt