Une trentaine de personnes ont été interpellées en Belgique, en Suisse et en France à la suite de l'enquête sur un spectaculaire braquage commis en février à l'aéroport de Bruxelles, au cours duquel 50 millions de dollars de diamants avaient été dérobés, a annoncé mercredi la justice belge.

18 février, 20 h : deux véhicules noirs équipés de gyrophares bleus enfoncent la clôture d'un chantier pour pénétrer sur le tarmac de l'aéroport. Il rejoint un fourgon de transport de fonds au pied d'un avion de la compagnie Swiss qui s'apprête à décoller pour Zurich. Huit hommes armés de fusils mitrailleurs, encagoulés et porteurs d'uniformes de policier, braquent les pilotes de l'avion et les transporteurs de la Brink's, sans tirer un coup de feu.

Forçant les portes de la soute, ils en extraient 120 colis contenant principalement des diamants, d'une valeur estimée à environ 50 millions de dollars (soit environ 38 millions d'euros). Ils repartent en trombe. L'opération n'a duré qu'une dizaine de minutes.

Après trois mois d'un travail discret, l'enquête a abouti à une «grosse opération» menée par 200 policiers belges, suisses et français, a annoncé mercredi le porte-parole du parquet de Bruxelles, Jean-Marc Meilleur.

En France, un ressortissant français, qui faisait l'objet d'un signalement international, a été interpellé mardi, a expliqué M. Meilleur, sans indiquer à quel endroit. L'homme, aux «lourds antécédents judiciaires», est soupçonné d'avoir directement participé au braquage. La Belgique a demandé son extradition.

Un avocat et un homme d'affaires genevois détenus

De son côté, la police suisse a annoncé que la brigade de répression du banditisme de Genève avait interpellé mardi soir huit personnes soupçonnées d'être également impliquées dans ce braquage.

Une quantité importante de diamants, dont tout porte à croire qu'ils sont issus du vol à Bruxelles, a été saisie à Genève, ainsi que 100 000 francs suisses (80 000 euros), précise le ministère public suisse. Un «avocat de la place» et un homme d'affaires sont parmi les personnes interpellées. Ils sont «prévenus de recel et d'entrave à la justice pénale» et détenus.

Selon le quotidien suisse Le Temps, les enquêteurs ont découvert une «caverne d'Ali Baba» dans une banale cave d'un immeuble. Le journal précise que l'homme d'affaires interpellé, d'«origine valaisanne», est actif dans l'immobilier. L'avocat serait un homme de 54 ans qui avait en sa possession la clé du dépôt. Il a été interpellé au volant de sa voiture. Toujours selon Le Temps, six des huit personnes interpellées en Suisse ont été relâchées. «Elles feraient partie de l'entourage proche des prévenus ou du milieu des joaillers», selon le journal.

Informés il y a deux mois par la police belge de la présence à Genève d'un membre du grand banditisme français, les policiers suisses l'ont surveillé et ont pu remonter la piste jusqu'à l'homme d'affaires.

Grand banditisme

En Belgique, une quarantaine de perquisitions ont eu lieu mercredi matin, essentiellement dans la région bruxelloise, selon le parquet de la capitale belge. Vingt-quatre hommes «âgés de 30 à 50 ans» ont été interpellés, dont «une dizaine» font partie du milieu du grand banditisme belge. «Certains ont déjà été lourdement condamnés pour des vols avec violence», a expliqué M. Meilleur. Leur rôle précis doit encore être déterminé.

Lors de ces perquisitions en Belgique, de «fortes sommes d'argent et des voitures de luxe» ont été saisies, a encore indiqué le porte-parole du parquet. Cependant, interrogé pour savoir si les enquêteurs soupçonnaient les braqueurs d'avoir bénéficié de complicités de la part des membres du personnel de l'aéroport ou au sein de la société de transports de fonds, M. Meilleur n'a pas souhaité répondre.

Le vol à main armée a des airs de déjà-vu à l'aéroport de Bruxelles, après des braquages similaires en 2000 (6,5 millions d'euros de diamants dérobés) et en 1995 (butin de 1,1 million d'euros). Aux Pays-Bas, des diamants et des bijoux d'une valeur d'environ 75 millions d'euros avaient été dérobés en 2005 à l'aéroport d'Amsterdam. Mais le record pour un vol de diamants reste celui commis, également en Belgique, en février 2003 dans les coffres du Diamond Centre à Anvers : le montant du butin avait été estimé à 100 millions d'euros.