L'affaire a fait le tour du monde. Un des plus importants procès néonazis s'est ouvert hier à Munich. Pendant huit ans, Beata Zschäpe, 38 ans, et deux autres acolytes auraient commis dix meurtres, dont neuf à caractère xénophobe. Les policiers enquêtaient sur les membres du groupe néonazi depuis les années 90, mais ils ont pourtant eu le champ libre pour commettre leurs crimes, qui visaient principalement la communauté turque. Voici quatre mots pour comprendre un procès qui embarrasse l'Allemagne.

CLANDESTINITÉ

Beata Zschäpe s'est rendue aux autorités le 8 novembre 2011, après quatre jours de cavale. Elle est une militante active d'un groupe néonazi bien connu en Allemagne, le réseau Clandestinité national-socialiste, principalement actif sur le territoire de l'ancienne RDA. Elle n'est pas la seule à graviter au sein de l'organisation. Au mégaprocès qui s'est ouvert à Munich, hier, quatre autres personnes seront jugées pour avoir soutenu le réseau.

TURCS

Huit des dix victimes présumées de Beata Zschäpe et de son réseau néonazi sont des citoyens allemands d'origine turque. Ils sont morts entre 2000 et 2007. Ils étaient tous de petits commerçants. Les deux autres victimes sont un policier et un Allemand d'origine grecque. Kenan Kolat, président d'une association qui représente les Turcs d'Allemagne, réclame une peine exemplaire contre Zschäpe. La prison à vie, demande-t-il.

SUICIDE

Beata Zschäpe est accusée d'avoir commis 10 meurtres, 2 attentats et 15 braquages de banques. Elle n'a toutefois pas agi seule. Uwe Böhnhardt, 34 ans, et Uwe Mundlos, 38 ans, se sont tous deux donné la mort le 4 novembre 2011. Ils étaient pourchassés par la police. Les trois présumés néonazis auraient utilisé une arme semi-automatique, un Ceska 83, pour commettre leurs crimes. Ils faisaient l'objet d'une enquête des autorités allemandes depuis le début des années 90, mais ont pu commettre leurs crimes avec une certaine facilité. À la lumière des plus récents développements, l'Allemagne a présenté des excuses officielles devant les Nations unies.

PROCÈS

Le mégaprocès de Beata Zschäpe et de quatre autres personnes soupçonnées d'avoir aidé un trio de néonazis dans une série de meurtres commis au début des années 2000 attire une attention médiatique planétaire. Comment ont-ils pu agir en toute liberté pendant plus de sept ans, sans être arrêtés ? Plus de 600 témoins doivent témoigner d'ici janvier 2014, date prévue de la fin des procédures judiciaires. Zschäpe s'est présentée hier en cour, portant une chemise blanche et un veston noir. Elle est restée debout, les bras croisés pendant plusieurs minutes, tournant le dos à la presse, entourée de policiers. Elle n'était pas menottée. 

- Avec Agence France-Presse et Spiegel

PHOTO KAI PFAFFENBACH, REUTERS

Huit des dix victimes présumées de Beata Zschäpe et de son réseau néonazi sont des citoyens allemands d'origine turque. Hier, plusieurs proches des victimes sont venus manifester devant le tribunal de Munich.