La présidente de la Chambre des députés en Italie, Laura Boldrini, a dénoncé vendredi les menaces dont elle a fait l'objet depuis son élection, notamment sur Internet, exigeant une loi pour défendre les femmes italiennes en général.

«Je n'ai pas peur d'ouvrir un front de bataille», affirme Mme Boldrini, qui a reçu des centaines de messages et de photomontages machistes et/ou menaçants, entre autres sur Facebook, dans une interview au quotidien de gauche La Repubblica.

Les auteurs de menaces envers les femmes «sont des milliers et des milliers, leur nombre croît de jour en jour, et ils représentent une partie du pays que nous ne pouvons pas ignorer», affirme-t-elle.

«Ce n'est pas une question qui ne regarde que moi», ajoute-t-elle. «Quand une femme occupe une fonction publique, des agressions sexistes se déchaînent contre elle», explique-t-elle.

«Il ne faut plus avoir peur de dire qu'il s'agit d'une culture souterraine partagée, il s'agit d'une situation d'urgence en Italie, parce que les femmes meurent sous les coups des hommes chaque jour», dit-elle.

Des pages entières de menaces contre Mme Boldrini ont été recueillies, proférées par des personnes laissant leurs nom et prénom: «Tu habites à 30 km de chez moi, je te promets de venir de trouver», «Je te menotte, je t'enferme et je me sers de toi comme urinoir», «Les immigrés, mets-les dans ton lit, putain»...

Le parquet de Rome a ouvert vendredi une enquête sur ces menaces.

«Je sais bien que la question du contrôle d'Internet est très délicate (...) Je me demande s'il est juste qu'une menace de mort directe ou à travers un graffiti soit considérée de façon différente qu'une menace sur le web», s'interroge Mme Boldrini. «Cela me semble très grave que se développe en ligne une culture de la menace tolérée».

«Le monde politique doit être courageux, il doit agir», conclut-elle.

Plusieurs dirigeants politiques ont exprimé leur soutien à Mme Boldrini. «C'est une femme courageuse qui dénonce l'humiliation constante des femmes sur le net et dans la vie de tous les jours. Nous sommes à ses côtés», a notamment déclaré Nichi Vendola, dirigeant du petit parti «Gauche, Écologie et Liberté», dont elle est membre.

«Les autorités italiennes doivent envoyer un signal montrant clairement que ces attaques verbales ne peuvent exister dans une société démocratique», a déclaré de son côté le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Nils Muiznieks.