Lors de l'élection législative de samedi, les Islandais ont décidé de redonner le pouvoir aux deux partis qui ont été blâmés pour la catastrophe économique qui a plongé le pays dans un gouffre économique en 2008. Quatre mots pour comprendre.

Austérité

Bien avant les Québécois, les Islandais ont transformé leurs casseroles en objet de contestation après la crise économique monstre qui a frappé leur pays en 2008 ; ils ont obtenu la démission du gouvernement de centre droit qui avait libéralisé à outrance leur système bancaire. Élu en 2009 dans la foulée du mouvement contestataire, le Parti sociodémocrate s'est tourné vers le Fonds monétaire international pour obtenir 1,6 milliard afin de remettre le pays sur les rails, mais a aussi dû imposer un régime d'austérité. Malgré la reprise de la croissance économique l'an dernier, ces mesures sont largement impopulaires.

Démocratie 2.0

Depuis 1944, la Constitution de l'Islande est une copie de celle du Danemark. Après avoir pris le pouvoir, le gouvernement sociodémocrate a lancé un grand chantier pour revoir la loi fondamentale du pays, impliquant la population en entier par l'entremise des réseaux sociaux. Si le projet de Constitution 2.0 a reçu l'aval de la majorité des électeurs islandais en 2012 lors d'un référendum boudé par la moitié de la population, il n'a pas réussi à soulever les passions lors des législatives de samedi. « Le Parti sociodémocrate a perdu le contrôle du discours. Les gens ont dit : vous avez mis beaucoup d'efforts sur la Constitution et on s'en fout. Vous avez dépensé beaucoup d'argent pour que le pays accède à l'Union européenne et on s'en fout «, indique la politologue Silja Omarsdottir, de l'Université d'Islande, pour expliquer la dérive du parti de gauche, qui a obtenu moins de 13 % du scrutin.

Endettement

Résultat des mesures d'austérité, de nombreux propriétaires immobiliers se voient aujourd'hui dans l'obligation de rembourser plus d'argent qu'ils n'en ont emprunté. Le Parti indépendance, de droite, qui a obtenu 26,7 % des voix, a promis de changer la donne. Premier ministre pressenti, Bjorni Benediktsson projette aussi de « réduire les taxes «, d'investir dans l'économie et de freiner l'accession à l'Union européenne. Le principal allié du Parti indépendance, le Parti progressiste (centre), a pour sa part récolté le vote de la population rurale. Ensemble, ces deux partis qui dominent habituellement la politique islandaise ont remporté 38 des 63 sièges parlementaires et devraient former un gouvernement de coalition semblable à celui de 2008.

Pirates

Grande première, des pirates ont fait leur entrée dans un Parlement national. Issu du mouvement contestataire de 2008, le Parti libertaire Piratar a récolté un peu plus de 5 % du suffrage et aura trois représentants au Parlement islandais. En tout, 13 petits partis de gauche formés au cours des derniers mois ont tenté de séduire les 235 000 électeurs islandais. « Une bonne partie des votes de la gauche a été gaspillée, puisque les partis ont besoin de plus de 5 % de votes pour avoir des représentants au Parlement «, a dit à La Presse l'écrivaine islandaise Kristin Eiriksdottir.

-Avec The New York Times, Le Monde et The Independent