Le prince Willem-Alexander, 46 ans, est devenu mardi roi des Pays-Bas et le plus jeune souverain d'Europe, succédant à sa mère la reine Beatrix qui a abdiqué après 33 ans de règne, un événement célébré par des millions de Néerlandais.

Beatrix, désormais princesse, a versé une larme en signant dans la matinée l'acte d'abdication dans une imposante salle du palais royal, situé sur la place du Dam dans le centre d'Amsterdam.

L'acte d'abdication a ensuite été signé par le nouveau roi Willem-Alexander, son épouse, qui portait une tenue dessinée par le créateur belge Natan, et par les représentants du gouvernement.

Sur la place, où plus de 25 000 personnes étaient réunies et où la cérémonie était retransmise sur des écrans géants, la foule a acclamé l'abdication.

Apparaissant au balcon décoré de roses et d'oranges, Beatrix, très émue a déclaré : «je suis heureuse et reconnaissante de pouvoir vous présenter votre nouveau roi, le roi Willem-Alexander».

Le nouveau souverain néerlandais a remercié sa mère pour ses «33 années touchantes et inspirées» : «nous te sommes intensément, très intensément reconnaissants», a-t-il ajouté, avant d'entonner l'hymne national.

Les trois filles du nouveau couple royal, dont la désormais princesse héritière Catharina-Amalia, 9 ans, ont rejoint leurs parents et ont salué la foule pendant une petite dizaine de minutes.

La police a détenu deux républicains qui brandissaient un panneau sur lequel on pouvait lire «je ne suis pas un sujet», avant de les relâcher immédiatement après et de les escorter vers les lieux autorisés pour manifester.

Ruud, 49 ans, quitte comme beaucoup de personnes la place du Dam, une larme a l'oeil : «pendant 33 ans, Beatrix a été la reine, notre reine».

«Elle a été un facteur de stabilité et un symbole de notre pays. La voir partir après toutes ces années, c'est triste, c'est une page de notre histoire à tous qui se tourne», assure-t-il à l'AFP, soulignant : «une reine qui reste 33 ans sur le trône, on grandit avec elle».

Le jeune roi, premier homme à accéder au trône depuis 1890 après trois reines et une régente, doit prêter serment dans l'après-midi et être «installé» en tant que roi. Il sera alors intronisé et non couronné, une nuance marquant la séparation entre l'Église et la monarchie aux Pays-Bas.

Princes et princesses héritiers du gotha européen, l'ex-secrétaire général des Nations unies Kofi Annan et le président du Comité international olympique Jacques Rogge assistent à la cérémonie et aux festivités.

Willem-Alexander, une nouvelle génération

Beatrix, très émue et portant un ensemble mauve, a déclaré «faire place à une nouvelle génération».

Willem-Alexander est le premier d'une nouvelle génération de monarques européens, dont la moyenne d'âge est actuellement de 71 ans.

Le jeune souverain devrait adopter un style plus détendu que celui de sa mère : dans une interview diffusée par la télévision publique deux semaines avant son intronisation. Il veut être un «monarque du XXIe siècle» conciliant tradition et modernité et surtout pas un «fétichiste du protocole».

Le rôle du monarque a évolué depuis la création en 1815 du Royaume des Pays-Bas, jusque-là une république.

Plus d'un million de visiteurs tout d'orange vêtus, la couleur de la famille royale, les Orange-Nassau, sont attendus dans les rues d'Amsterdam. Le nombre de personnes arrivant par la gare Centrale d'Amsterdam est doublé par rapport aux chiffres habituellement enregistrés pendant la Fête de la Reine, qui fait office de fête nationale.

Certains avaient passé la nuit sur la place du Dam, afin d'apercevoir la famille royale sur le balcon. Après cette brève apparition, la foule s'est dispersée, beaucoup de personnes se rendant sur la place des musées pour assister à des concerts ou le long des canaux, où des podiums ont été dressés pour des DJ's et des musiciens.

Des dizaines de bateaux transportant des fêtards ont commencé à circuler sur les célèbres canaux. Musique assourdissante, danse, bière, les fêtards ont pour la plupart opté pour le code vestimentaire orange, même si d'autres ont préféré des bateaux à thème, dont l'un rempli de personnes déguisées en animaux.

«Le bla-bla du protocole est quasi fini maintenant, donc on peut passer à la fête», lance un jeune homme à l'AFP depuis une large barge sur laquelle une trentaine de personnes se trémoussent au rythme d'une musique techno.

Vers 19 h 30 (13 h 30 à Montréal), les 17 millions de Néerlandais seront invités à entonner en choeur le «Koningslied», ou chanson du roi, spécialement créée pour l'occasion et critiquée pour son improbable mélange de style de dessins animés, de musique populaire et de rap, le tout soutenu par des paroles simplistes.

Cette journée historique pour les Néerlandais, reste marquée par l'absence du père de la future reine Maxima, Jorge Zorreguieta, en raison de son rôle controversé durant la dictature argentine, et celle du frère cadet de Willem-Alexander, le prince Friso, dans le coma depuis un accident de ski en février 2012.