L'Union européenne traverse une «crise de légitimité» et doit faire un effort «pour devenir un moteur de développement durable», a estimé lundi le nouveau chef du gouvernement italien Enrico Letta, qui s'est en outre dit en faveur d'une «Europe fédérale», dans un discours exposant son programme.

«L'Europe est en crise de légitimité et, au moment où les citoyens en ont le plus besoin, elle doit redevenir un moteur de croissance durable», a déclaré M. Letta devant la Chambre des députés.

Afin de démontrer que son gouvernement est «européen et "européiste"», c'est-à-dire partisan du fédéralisme européen, M. Letta a annoncé que ses premiers déplacements seraient à «Bruxelles, Berlin et Paris».

La réponse aux problèmes de l'UE «est donc dans une plus grande intégration qui mène vers une Europe fédérale», a ajouté le jeune chef du gouvernement italien, dont le discours était très attendu par les marchés.

«Dans le cas contraire, les risques d'une non-intégration seraient insoutenables», a-t-il estimé.

M. Letta assure en outre que l'Italie «respectera les engagements» pris envers l'UE, mais qu'elle espère grâce à ce respect «avoir une marge de manoeuvre» supérieure dans ses négociations avec la Commission européenne pour pouvoir financer des politiques de relance économique.

Le chef du gouvernement italien a consacré une importante partie de son discours au thème de l'intégration européenne.

«L'Europe ne représente pas le passé, c'est un espace politique qui permettra de relancer l'espoir qui a animé la société dans l'après-guerre», a-t-il dit.

«L'Europe est notre voyage, écrit par nous-mêmes, elle est notre horizon», a ajouté M. Letta, qui doit se rendre dès mardi après-midi à Berlin.

Il a d'ailleurs relancé un thème cher à la chancelière allemande Angela Merkel avec le renforcement de l'Europe politique.

«Le port vers lequel nous nous dirigeons s'appelle les États-Unis d'Europe et notre navire est la démocratie. Nous ne devons pas rêver les rêves des autres, nous avons le nôtre qui est celui de l'union politique européenne», a-t-il dit.

Supression des salaires des ministres également parlementaires

Le premier ministre Letta a annoncé lundi que la première mesure de son équipe serait la suppression des salaires des ministres qui sont également parlementaires et touchent déjà une indemnité en tant qu'élu.

«Pour donner l'exemple, le premier acte de ce gouvernement sera la suppression des salaires des ministres qui sont également parlementaires», a expliqué M. Letta, soulignant dans son discours-programme devant la Chambre des députés que, jusqu'à présent, les ministres recevaient un salaire «en plus de leur indemnité d'élu».

M. Letta a précisé avoir réservé la primeur de cette annonce aux députés, assurant que les ministres n'en savaient rien avant son discours.

Pour restituer de la crédibilité à la politique, «il faut repartir de la décence, de la sobriété, des scrupules, et de la banalité d'une gestion de bon père de famille», a ajouté M. Letta, à un moment où la société italienne manifeste un rejet clair de sa classe politique, comme en témoigne le succès du Mouvement cinq étoiles (M5S) qui a cristallisé le vote contestataire et obtenu environ 25 % des suffrages aux législatives de fin février.

Le nouveau chef du gouvernement est en outre revenu sur le financement public des partis politiques, affirmant que celui-ci sera «révolutionné», sans préciser comment et sans annoncer son abolition.

Un récent rapport présenté par des «sages» nommés par le président de la République Giorgio Napolitano préconise le maintien du financement public des partis, mais demande qu'il soit réduit et que les dépenses soient rigoureusement contrôlées.

Le nouveau chef du gouvernement italien a par ailleurs indiqué qu'il oeuvrerait à la suppression définitive des provinces, dans le même objectif de réduction des dépenses publiques. Son prédécesseur Mario Monti avait déjà arrêté le principe d'une suppression d'une bonne partie des provinces.

18 mois 



Le nouveau chef du gouvernement italien, Enrico Letta, a annoncé lundi qu'en cas d'absence de succès de ses réformes dans les 18 prochains mois, il en tirerait les conséquences et partirait.

«La seule issue possible est le succès. Dans 18 mois, je vérifierai si les réformes arrivent à bon port. Si en revanche tout s'enlise, j'en tirerai les conséquences», a-t-il affirmé à la Chambre des députés.