L'opposition de centre-droit est arrivée nettement en tête des élections législatives samedi, les électeurs sanctionnant la coalition de gauche au pouvoir depuis 2009, selon les premières estimations données dans la soirée.

Une projection faite par la télévision publique RUV à partir d'un dépouillement partiel dans les six circonscriptions du pays donnait le Parti de l'indépendance (droite) en tête devant le Parti du progrès (centriste et agrarien).

Le premier obtiendrait 20 sièges, et le second 18, les mettant en position de négocier une coalition de gouvernement.

Le poste de premier ministre semblait donc aller au conservateur Bjarni Benediktsson, 43 ans, plutôt qu'au centriste Sigmundur David Gunnlaugsson, 38 ans.

La victoire du centre-droit enterre probablement la candidature de l'Islande à l'Union européenne, lancée en 2009, et à laquelle les deux partis étaient hostiles.

«Dans l'ensemble, cela semble plutôt bon», a affirmé M. Benediktsson sur la chaîne RUV au vu des premiers résultats.

Plus tard dans la nuit, il apparaissait que son parti faisait le deuxième plus mauvais score de son histoire. «Je ne suis pas, bien sûr, ravi de cela», concédait-il.

Avocat de formation, reconverti en homme d'affaires, il est parlementaire depuis 2003. Il a su à la fois incarner suffisamment le changement et rassurer l'électorat traditionnel de son parti, conservateur et libéral.

Lui et M. Gunnlaugsson ont infligé une défaite cinglante aux deux partis de gouvernement. L'Alliance (sociaux-démocrates) perdrait la moitié de sa représentation avec 10 députés, tandis que le Mouvement gauche-verts en aurait 9.

Une comparaison avec les résultats de 2009 montre que les électeurs ont fui la gauche.

Le parti Avenir radieux (pro-UE) aurait 6 sièges. Quant au Parti pirate, si les premières estimations le propulsaient au-dessus du seuil des 5% nécessaires pour avoir des députés, celles données par RUV à 0H45 GMT le plaçaient juste en dessous.

Les partis vainqueurs ont bénéficié de la lassitude des Islandais après des années de rigueur budgétaire et de difficultés à boucler les fins de mois.

La campagne électorale a été dominée par la question de l'endettement des propriétaires immobiliers, problème auquel les deux partis vainqueurs ont promis de s'attaquer tout de suite.

Le Parti de l'indépendance et le Parti du progrès sont habitués à gouverner ensemble. Ils avaient présidé à la libéralisation du secteur financier dans les années 2000, qui avait débouché sur une hypertrophie puis une faillite des banques.

«Les électeurs ont la mémoire courte», déplorait dimanche Anna Katrin Kristansdottir, électrice de 49 ans, à la sortie d'un bureau de vote de Reykjavik.

Ces deux partis devraient chercher à former une coalition pour s'assurer une majorité absolue des 63 sièges du Parlement, répartis à la proportionnelle.

M. Gunnlaugsson a affirmé devant ses partisans qu'il avait cet objectif. «Nous allons changer l'Islande pour le mieux dans les mois et les années à venir», a-t-il lancé.

La soirée était amère pour les membres de la coalition de gauche, inédite, qu'avaient choisie les Islandais en pleine crise financière en 2009.

«Nous perdons à l'évidence beaucoup» de voix, a déclaré sur RUV le chef de file des sociaux-démocrates, Arni Pall Arnasson. «C'est une grande déception», a avoué le ministre des Affaires étrangères, Össur Skarphedinsson, social-démocrate europhile.

Le premier ministre Johanna Sigurdardottir ne se représentait pas, prenant sa retraite à 70 ans.

Après avoir appliqué pendant une bonne partie de son mandat des recettes inspirées par le Fonds monétaire international, qui a prêté à Reykjavik 1,6 milliard d'euros entre 2008 et 2011, elle s'est dite «très triste» de la défaite.