Le retrait de Turquie des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) devrait s'achever au plus tard l'automne, a annoncé le numéro deux de l'organisation, Murat Karayilan, dans un entretien publié samedi par le quotidien Radikal.

«D'après les informations que j'ai en main, le retrait ne devrait s'achever que vers l'automne», a déclaré M. Karayilan, répondant aux questions de Radikal depuis le mont Qandil (nord de l'Irak), siège du quartier général du PKK.

Le chef militaire a précisé que le leader emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, qui négocie depuis plusieurs mois avec les autorités turques pour une résolution du conflit kurde, souhaitait un retrait plus rapide, «avant l'automne», mais il a exprimé des doutes sur la capacité de son organisation à respecter un tel délai.

Murat Karayilan avait annoncé jeudi que les troupes du PKK se retireraient de Turquie à partir du 8 mai et se regrouperaient dans leurs bases du nord de l'Irak, conformément à des instructions données par M. Öcalan.

Dans l'entretien publié samedi, il a appelé les autorités turques à autoriser une délégation du PKK à se rendre sur l'île-prison d'Imrali, dans le nord-ouest de la Turquie, pour s'entretenir directement avec Abdullah Öcalan.

«Pour vraiment convaincre tous mes camarades et aplanir les difficultés, lui permettre de parler directement devant un groupe de nos camarades sera beaucoup plus efficace», a-t-il déclaré, selon Radikal.

Depuis que les discussions de paix ont été rendues publiques, fin décembre, les communications entre Öcalan et la guérilla se font par voie de lettres, transmises par des députés du Parti pour la paix et la démocratie (prokurde) autorisés à rencontrer en prison le chef historique du PKK.

L'une d'elles, appelant le PKK au cessez-le-feu et à se retirer, a été lue devant une foule de centaines de milliers de Kurdes le 21 mars à Diyarbakir, la principale ville kurde du sud-est anatolien, marquant la première avancée concrète du processus de paix.

Murat Karayilan a par ailleurs mis en cause le rôle selon lui négatif joué par les puissances européennes et les États-Unis dans le processus de paix.

«Je ne peux pas citer un par un les pays qui sabotent le processus de paix. Mais j'ai des doutes sur la position de l'Europe», a-t-il déclaré.

«La tactique des Européens est de s'efforcer d'empêcher une résolution de la question kurde», a-t-il ajouté, rappelant le meurtre de trois militantes kurdes, dont une figure historique du PKK, le 9 janvier à Paris, qui avait fait craindre un déraillement du processus de paix.

Concernant les États-Unis, le dirigeant rebelle a imputé à Washington la responsabilité de la mort de 34 villageois kurdes dans une frappe aérienne malencontreuse de l'aviation turque, qui les avait pris pour une colonne de rebelles, fin décembre 2011 à la frontière turco-irakienne.

«Il y a l'empreinte des États-Unis» dans ce drame, a affirmé M. Karayilan, soulignant que les déplacements des villageois, qui faisaient de la contrebande entre la Turquie et l'Irak, avaient été observés pendant près de deux heures par des drones américains avant que l'information soit transmise par l'armée américaine à ses alliés turcs.

Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 45 000 morts, selon l'armée turque, depuis le début de l'insurrection du PKK, en 1984.