Les Islandais sont appelés aux urnes samedi pour renouveler leur parlement et choisir un nouveau premier ministre, très probablement issu de l'opposition.

Le dernier sondage publié avant l'ouverture des bureaux de vote à 9H00 (heure locale) donne comme favori le conservateur Bjarni Benediktsson, 43 ans, devant le centriste Sigmundur David Gunnlaugsson, 38 ans.

Ce sera un renouvellement de génération, puisque le premier ministre sortant, Johanna Sigurdardottir, a fait ses adieux à la politique à l'âge de 70 ans devant quelque 300 sympathisants vendredi.

Selon le sondage de Gallup, réalisé entre les 18 et 25 avril, le Parti de l'indépendance (droite) rassemble 27,9% des intentions de vote, devant le Parti du progrès (centre, agrarien), avec 24,7%. Ces deux formations habituées à gouverner ensemble devraient tâcher de former une coalition.

Elle mettra fin à celle de gauche, inédite, qu'avaient choisie les Islandais en pleine crise financière en 2009. Ses deux composantes sont distancées dans les sondages, aussi bien l'Alliance (sociaux-démocrates) avec 14,6% que le Mouvement gauche-verts avec 10,0%.

La campagne a été dominée par le mécontentement vis-à-vis d'un exécutif qui a pris des mesures impopulaires pour redresser les finances publiques.

Mme Sigurdardottir a appliqué pendant une bonne partie de son mandat des recettes inspirées par le Fonds monétaire international, qui a prêté à Reykjavik 1,6 milliard d'euros entre 2008 et 2011.

«Je pense que beaucoup de gens ont l'impression que le gouvernement a plus représenté le système que les intérêts des familles et du peuple islandais», explique Kolbeinn Stefansson, maître de conférences en sociologie à l'Université d'Islande.

Les partis qui devraient profiter de l'alternance sont ceux qui ont présidé à la libéralisation du secteur bancaire, menant à son hypertrophie puis à sa faillite en 2008.

Dans l'opposition, le Parti du progrès et le Parti de l'indépendance ont tâché de se renouveler, notamment en rajeunissant leurs équipes. Les derniers sondages avant l'élection ont donné tantôt l'un, tantôt l'autre en tête.

Pour les électeurs, ils sont l'assurance de mettre fin à la candidature à une adhésion à l'Union européenne. Depuis qu'il a été lancé en 2009, le processus a suscité le scepticisme sinon le rejet dans l'opinion.

«Il faut comprendre que pour les Islandais, l'UE est un faux problème. Les sociaux-démocrates ont insisté pour en faire un thème de la campagne. Je vois cela comme une bourde», indique Hannes Holmsteinn Gissurarson, professeur de science politique à l'Université d'Islande et commentateur anti-UE.

Le mécontentement est aussi visible dans l'éclatement jamais vu des partis. Ils seront en effet 15 à briguer les 63 sièges du Parlement, répartis à la proportionnelle.

L'un de ceux-ci, le Parti pirate (libertaire), pourrait être le premier de son genre que les électeurs font entrer dans un parlement national.

Les premières estimations sont attendues à la fermeture des derniers bureaux de vote à 22H00.