Des centaines de milliers de spectateurs ont encouragé dimanche avec une ferveur redoublée les participants au marathon de Londres, qui ont observé un temps de silence en hommage aux victimes de l'attentat de Boston, dans un contexte de sécurité renforcée.

La prestigieuse épreuve, remportée chez les hommes par l'Éthiopien Tsegaye Kebede et côté dames par la Kényane Priscah Jeptoo, a attiré selon les organisateurs quelque 700 000 spectateurs dans les rues de la capitale.

La course, à laquelle participaient quelque 35 000 coureurs, s'est déroulée par un temps ensoleillé et dans une ambiance festive.

Son départ a toutefois été empreint de solennité à 10H00 (09H00 GMT), quand les participants, arborant pour la plupart un ruban noir accroché à leur maillot, ont observé 30 secondes de silence en hommage aux victimes de l'attentat du marathon de Boston, où l'explosion de deux bombes lundi a fait trois morts et près de 180 blessés.

«Cette semaine, la famille mondiale du marathon a été choquée et attristée par les événements du marathon de Boston», a déclaré Geoff Wightman, l'un des responsables de l'événement londonien, devant des milliers d'athlètes réunis dans le parc de Greenwich, dans le sud-est de Londres.

Ce silence est «à la mémoire de nos amis et collègues pour qui un jour de joie s'est transformé en jour de tristesse», a-t-il expliqué, avant que le sifflet retentisse pour marquer ce temps de recueillement.

Sur un pont de la capitale, une banderole avait été déployée: «Cours si tu le peux, marche si tu le dois, mais finis pour Boston», exhortait-elle.

«C'est bien d'être ici et de ne pas se laisser intimider. Il ne faut pas vivre dans la peur», a déclaré à l'AFP une spectatrice, Katie Prahin. «Le silence au début de la course était une belle façon de rendre hommage et de montrer notre soutien. Je suis contente que les gens se soient déplacés», a ajouté cette travailleuse sociale installée à Londres, qui a fait ses études à Boston.

Nancy, une autre spectatrice londonienne, n'avait jamais assisté à un marathon avant. «Je suis venue à cause de Boston. Cela m'a convaincue de venir», explique-t-elle. «Au départ, on était inquiet, mais en y repensant on s'est dit: non, on ne peut pas se laisser battre» par les auteurs d'attentats.

Au passage de participants au visage marqué par la fatigue, les encouragements du public redoublent: «Bravo les gars, vous êtes forts!», «Allez, ce n'est plus très long, tenez le coup!».

Présent à l'arrivée pour remettre les récompenses, le prince Harry a qualifié l'affluence de «fantastique». «C'est typiquement britannique, les gens disent qu'ils n'ont pas vu une foule pareille depuis huit ans le long du parcours», a-t-il déclaré à la BBC, ajoutant qu'il n'avait «jamais songé» à manquer ce marathon.

En signe de solidarité, outre le port d'un ruban noir, les concurrents avaient été encouragés à mettre leurs mains sur leur coeur en passant la ligne d'arrivée. Par ailleurs, pour chaque coureur franchissant la ligne, les organisateurs se sont engagés à verser deux livres (2,35 euros) à un fonds d'aide aux victimes de l'attentat.

Dans les rues de la capitale britannique, les policiers étaient particulièrement visibles, à la suite du renforcement du dispositif de sécurité consécutif aux attaques de Boston.

Quelque 40% policiers de plus par rapport à 2012 avaient été déployés, soit une augmentation de «plusieurs centaines» d'hommes, selon Scotland Yard, qui n'avait pas souhaité communiquer de chiffre précis.

La police britannique, en contact étroit avec le FBI et la police de Boston, avait toutefois souligné qu'il n'y avait «aucun lien connu» entre les explosions de Boston et le marathon de Londres et que le niveau de menace était inchangé.

L'Éthiopien Tsegaye Kebede a couvert en 2 h 06 min 03 s les 42,195 km du parcours allant de Greenwich au Mall, dans le coeur de Londres, devant le Kényan Emmanuel Mutai (2:06.33) et son compatriote Ayele Abshero (2:06.56).

Chez les dames, la Kényane Priscah Jeptoo s'est imposée en 2 h 20 min 23 s devant sa compatriote Edna Kiplagat (2:21.30) et la Japonaise Yukiko Akaba (2:24.41).

Le Britannique Mo Farah, double champion olympique des 5000 et 10 000 mètres, s'est arrêté au bout d'une heure de course comme annoncé. Il préparait ses vrais débuts dans le marathon prévus l'année prochaine.