Le président russe Vladimir Poutine s'est entretenu lundi avec un conseiller du président américain Barack Obama pour la sécurité nationale, qui lui a transmis un message de Washington, sur fond d'escalade des tensions provoquée par la publication aux États-Unis de la «liste Magnitski».

Tom Donilon - le plus haut responsable américain à se rendre en Russie depuis l'investiture en janvier de M. Obama pour son second mandat -, «a transmis un message au chef d'État russe de la part du président américain Barack Obama», a indiqué le Kremlin dans un communiqué.

Leur brève rencontre a eu lieu dans le cadre des pourparlers au Kremlin entre M. Donilon et le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, ainsi que d'autres responsables de la sécurité et de la défense russes, selon le communiqué.

L'échange entre M. Poutine et M. Donilon «a été très positif, tous comme les signaux que nous envoie actuellement l'administration de M. Obama», a précisé un conseiller du président russe, Iouri Ouchakov, cité par l'agence Interfax, à l'issue de cette rencontre.

Il a souligné que Moscou allait répondre à ces signaux de la même manière.

«Nous étions toujours prêts à développer et renforcer nos relations sans aucune restriction. Toutes les restrictions ne viennent que de l'autre côté», a-t-il indiqué.

M. Ouchakov a toutefois qualifié de «très constructif» le message de Barack Obama transmis par M. Donilon, en précisant que celui-ci comprenait des «propositions visant à renforcer le dialogue et la coopération bilatérale» dans le secteur économique, ainsi que dans le domaine de la réduction des armes nucléaires.

M. Donilon s'est déjà entretenu dans la matinée avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

La partie américaine «comprend bien l'influence négative» et l'«effet irritant» de la «liste Magnitski» sur les relations bilatérales et va prendre des mesures afin de lever les tensions, a affirmé M. Lavrov, cité par les agences russes, à l'issue de cette rencontre.

Pour sa part, Moscou considère comme sa «priorité numéro un» de «faire disparaître les problèmes croissants dans les relations» avec les États-Unis, a-t-il souligné, lors d'une conférence de presse.

La visite de M. Donilon intervient deux jours après l'annonce par Washington de sanctions économiques et de l'interdiction de séjour contre 16 Russes - pour leur implication présumée dans la mort en prison en 2009 du juriste Sergueï Magnitski -, et deux Tchétchènes pour d'autres violations des droits de l'Homme.

La Russie a riposté samedi en interdisant l'entrée sur son territoire à 18 Américains, parmi lesquels d'anciens responsables de la prison de Guantanamo. Le Kremlin a qualifié dimanche la décision des États-Unis de «coup» porté aux relations bilatérales.

La liste russe comporte par ailleurs une section secrète avec d'autres noms qui ne seront pas communiqués publiquement - suivant le modèle de la liste Magnitsky adoptée aux États-Unis -, a précisé samedi le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov à l'agence Itar-Tass.

Selon le quotidien The New York Times, la partie secrète américaine comprend notamment le nom du président tchétchène Ramzan Kadyrov, dont les milices sont accusées d'exactions des défenseurs des droits de l'Homme.

Les États-Unis avaient adopté en décembre une loi prévoyant des sanctions économiques et l'interdiction de séjour, à l'encontre des individus impliqués dans le décès de Sergueï Magnitski, ainsi que de toute personne responsable de graves violations des droits de l'homme en Russie. C'est la liste des personnes visées qui a été rendue publique vendredi.

La Russie avait répondu adopté fin décembre par une loi prévoyant des mesures symétriques à l'égard d'une liste d'Américains, et avait interdit l'adoption d'enfants russes par des Américains.