La publication aux États-Unis de la «liste Magnitski», qui place sur liste noire des responsables russes pour leur rôle présumé dans la mort en prison du juriste Sergueï Magnitski, porte «un coup» aux relations bilatérales, a déclaré dimanche le porte-parole du président Vladimir Poutine.

«C'est un coup porté aux relations bilatérales russo-américaines», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d'une émission de télévision diffusée en Extrême-Orient russe et citée par l'agence de presse Interfax.

Du point de vue de la Russie, il s'agit d'«une ingérence directe dans ses affaires intérieures», a-t-il ajouté lors de cette émission qui sera diffusée plus tard dans la soirée à Moscou en raison du décalage horaire avec l'Extrême-Orient russe.

L'affaire Magnitski «ne doit pas être examinée en dehors des frontières russes. Pour nous, c'est inadmissible», a-t-il poursuivi.

Les États-Unis ont placé vendredi sur une liste noire 18 personnes, en majorité des fonctionnaires russes, pour leur rôle présumé dans la mort en prison en 2009 du juriste Sergueï Magnitski.

Aux termes de la «liste Magnitski», les avoirs que détiendraient ces personnes sont gelés sur le sol américain, et tout ressortissant américain qui commercerait avec elles s'exposerait à des sanctions pénales. Les personnes visées sont aussi interdites d'entrée aux États-Unis.

La Russie a riposté dès samedi en interdisant l'entrée sur son territoire à 18 Américains, notamment des anciens responsables de la prison de Guantanamo ou des personnes impliquées dans la condamnation du trafiquant d'armes russe Viktor Bout.

Avocat devenu un symbole de la lutte contre la corruption, Sergueï Magnitski, qui conseillait le fonds d'investissement occidental Hermitage Capital, est mort à 37 ans dans une prison de Moscou en 2009 après 11 mois de détention provisoire.

Il avait été arrêté après avoir dénoncé une vaste machination financière de 5,4 milliards de roubles (130 millions d'euros) ourdie, selon lui, par des responsables de la police et du fisc au détriment de l'État russe et d'Hermitage Capital.

M. Magnitski avait alors été inculpé à son tour de fraude fiscale par les responsables mêmes qu'il dénonçait, selon Hermitage.

Cette affaire est à l'origine d'un conflit diplomatique entre Moscou et Washington au relent de guerre froide.