Un nouveau parti allemand antieuro tiendra son congrès fondateur dimanche à Berlin avec l'espoir de rassembler suffisamment de défenseurs d'un retour au Deutschemark pour jouer les trublions lors des législatives de septembre.

Baptisé «Alternative für Deutschland» (AFD, Alternative pour l'Allemagne), ce nouveau mouvement veut exploiter le créneau eurosceptique délaissé par les grands partis. Il entend profiter de l'inquiétude de nombreux citoyens sur les plans d'aide à répétition pour les pays européens en crise, financés en grande partie par l'Allemagne, et revendique déjà «7500 membres et donateurs» après deux mois d'existence.

L'AFD espère rassembler 1500 personnes dimanche dans la capitale allemande, selon une porte-parole, Frauke Petry.

Le parti, actuellement conduit par un professeur d'économie de l'université de Hambourg, Bernd Lucke, fait l'objet d'une large attention médiatique et compte déjà des fédérations dans quatre États régionaux, dont la Bavière (sud). Il prévoit de couvrir prochainement l'ensemble du territoire, a expliqué à l'AFP Mme Petry.

«Je crois que le mot satisfait est trop faible, nous sommes enthousiasmés. Nous n'avions pas imaginé un tel écho, que ce soit du côté de la population que de la presse. Nous le souhaitions, mais nous ne l'espérions même pas», a-t-elle ajouté.

Le message du parti est résolument axé sur la crise européenne. Et pour en sortir, il ne propose rien de moins qu'«une dissolution organisée de la zone euro», considérant dans son programme électoral que «la réintroduction du Deutschemark ne doit pas être un tabou».

«Nous voulons vraiment offrir une alternative à la politique de la CDU, du SPD et des Verts.  Les gens viennent vers nous parce qu'ils ne veulent pas se résoudre à croire qu'il n'y a pas d'alternative. C'est aussi pour ça que nous avons choisi ce nom», explique Mme Petry.

L'AFD considère que «la crise européenne est l'expression d'une crise de société» et milite pour une rénovation de la démocratie allemande.

«Le grand reproche que nous faisons aux partis établis, c'est de s'être éloigné des citoyens», souligne ainsi sa porte-parole.

Selon ses propres statistiques, environ 10 % des adhérents d'AFD sont des anciens de la CDU, 4 à 5 % étaient auparavant membres des sociaux-démocrates du SPD et 4 % des libéraux du FDP. Au total, précise-t-il, 30 % de ses membres faisaient auparavant partie d'une autre formation politique.

L'AFD compte surfer sur la vague de mécontentement liée à la crise de l'euro en Allemagne et plus particulièrement, sur le sentiment largement répandu dans l'opinion que les contribuables n'en finissent plus de payer pour les erreurs des autres membres de l'Union européenne.

Fort de l'écho favorable qu'il semble rencontrer, le parti se prend à rêver à la perspective des élections législatives de septembre prochain.

«Près de 27 % des personnes interrogées (dans les sondages) pourraient imaginer voter pour un parti eurosceptique. C'est un fort potentiel», soulignait ainsi vendredi M. Lucke dans le quotidien régional «Stuttgarter Zeitung».

Selon le dernier baromètre politique publié vendredi par la ZDF, si effectivement plus d'un quart des Allemands interrogés voyaient d'un bon oeil une sortie de l'euro, 17 % se disent prêts à voter pour un parti en faveur de cette option.