Les obsèques collectives des 13 personnes assassinées près de Belgrade ont eu lieu vendredi en Serbie, toujours sous le choc du massacre et où le suicide du meurtrier prive la police de la possibilité d'élucider cette tuerie.

Dans le village de Velika Ivanca, à 50 kilomètres au sud de Belgrade où le massacre a été perpétré mardi, des centaines de villageois en larmes, en habits de deuil, fleurs et bougies allumées à la main, ont participé a une cérémonie religieuse célébrée devant l'église par l'archevêque de la région, entouré d'une trentaine de popes.

«Cette tragédie nous laisse muets. Il n'y a pas de mots pour expliquer ce qui s'est passé dans ce village paisible», a dit l'archevêque à la foule endeuillée.

«Prions pour que de telles choses n'arrivent plus jamais à qui que ce soit», a-t-il ajouté.

À l'issue de la messe, le cortège funéraire s'est rendu au cimetière situé à la sortie du village où les victimes ont été inhumées en milieu de l'après-midi. Les dernières prières des prêtres étaient couvertes par les pleurs et les cris de désespoir des proches des victimes.

Ljubisa Bogdanovic, 60 ans, a tué avec un pistolet qu'il détenait légalement, un garçon de deux ans, six hommes et six femmes, qui pour la plupart dormaient au moment de l'attaque et dont la majorité avait des liens de parenté avec lui.

L'auteur de la tuerie la plus sanglante en Serbie au cours des 20 dernières années s'était ensuite tiré une balle dans la tête. Il avait été hospitalisé dans un état critique avant de décéder jeudi des suites de ses blessures.

Avant l'enterrement, les treize cercueils en bois, couverts de gerbes de fleurs blanches, avaient été posés sur une estrade improvisée devant l'église du village. Le cercueil de l'enfant tué, peint en blanc, était encadré par ceux de ses parents.

«C'est horrible. Il n'y a aucune excuse pour ce qu'il a fait», murmure Milovan Kostadinovic, un voisin de l'assassin.

Dans l'assistance se trouvaient le frère ainsi que les filles jumelles de l'assassin, qui dans sa folie meurtrière a abattu sa mère âgée de 83 ans et son fils âgé d'une quarantaine d'années.

«C'est une tragédie pour ceux qui sont morts, mais il est encore plus difficile pour leurs familles qui doivent vivre sans eux», s'attriste Steva Jelenic, ami d'enfance du fils du meurtrier.

L'épouse de l'assassin, Javorka, sur laquelle il a tiré à deux reprises, était toujours hospitalisée vendredi dans un état stable dans un hôpital de Belgrade.

Décrit d'abord par son voisinage comme le «meilleur des voisins (...) gentil, travailleur, toujours prêt à aider», il a été ensuite dépeint comme un homme nerveux qui battait sa femme.

«Il était très nerveux. Il me battait. Son père était pareil», a déclaré son épouse.

Selon son témoignage, l'assassin a d'abord dit : «il n'y a plus de vie pour nous», et lui a tiré dessus avant de poursuivre le massacre en se rendant dans les maisons des voisins.

L'homme, un ouvrier non qualifié sans emploi depuis un an, avait combattu dans les rangs des forces serbes qui s'opposaient à l'indépendance de la Croatie de l'ex-Yougoslavie, durant la guerre de 1991-95. Selon des voisins, son père s'était suicidé alors qu'un oncle et un cousin avaient par le passé été hospitalisés dans des établissements psychiatriques.

Un silence de mort régnait vendredi sur la colline éloignée du village, où se trouvent les maisons des victimes. Devant la maison où l'enfant de deux ans et ses parents ont été tués, un membre de la famille, Rade Despotovic, est comme figé. «Ils sont tous partis», murmure-t-il.