L'intégration de la Bosnie à l'Union européenne risque d'être «gelée» et les prochaines élections dans ce pays ne pas être reconnues par Bruxelles à défaut d'une solution pour mettre fin à la discrimination politique des minorités juive et rom, a mis en garde jeudi le commissaire européen à l'Élargissement, Stefan Füle.

«Je constate avec regret que les partis politiques n'ont pas réussi à faire des progrès significatifs depuis plus de trois ans pour mettre en oeuvre» le verdict de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) sur cette affaire, a déclaré à la presse M. Füle.

Saisie par les dirigeants des communautés rom et juive de Bosnie, Dervo Sejdic et Jakob Finci, contestant l'impossibilité d'être élus à certains niveaux de pouvoir dans leur pays, la CEDH avait jugé en 2009 que la Constitution bosnienne était discriminatoire à l'égard des deux communautés.

«Sans un accord (pour amender la Constitution)(...), la voie européenne de la Bosnie-Herzégovine sera gelée», a affirmé le commissaire.

Le système institutionnel local, mis en place en 1995 par l'accord de paix de Dayton (États-Unis) qui a mis fin au conflit intercommunautaire de 1991-95, réserve aux citoyens issus des «peuples constituants» - serbe, croate et musulman - l'accès à la chambre haute du Parlement et à la présidence tripartite de l'État.

Cette discrimination lèse également toutes les autres minorités dans le pays, ainsi que les citoyens qui refusent d'être casés dans une des trois communautés ethniques.

La révision de la Constitution est la dernière condition imposée par Bruxelles à la Bosnie avant de lui permettre de demander le statut de candidat à l'adhésion l'UE.

Mais les leaders politiques locaux ont jusqu'à présent échoué à trouver une formule pour supprimer cette discrimination.

La Bosnie s'est ainsi retrouvée à la traîne de tous les autres pays des Balkans dans son rapprochement européen.

Le dernier délai qui avait été fixé par Bruxelles à la Bosnie pour amender la Constitution expirait jeudi.

M. Füle a déclaré que d'autres délais ne seraient plus fixés.

«Je regrette que certains leaders se soient concentrés uniquement sur les intérêts de leurs partis et (de leur communauté) ethniques, avec l'objectif de préserver, voire de renforcer le système en place réservé aux trois peuples constituants», a-t-il dit.