Mangeuse d'hommes ou jeune fille angélique, la personnalité ambiguë d'Amanda Knox a été au coeur de la longue procédure judiciaire qui a abouti d'abord à une lourde condamnation puis à son acquittement et maintenant à un nouveau procès à Florence.

Avec son beau visage sans maquillage et ses yeux bleus, la jeune Amanda, 25 ans aujourd'hui, n'avait pas le physique de l'emploi lorsqu'elle fut accusée en novembre 2007 d'avoir tué sauvagement à coups de couteau sa colocataire Meredith Kercher, une Britannique de 21 ans.

Le parquet de Pérouse l'a dépeinte comme une jeune fille aguicheuse qui aimait faire la fête, essayait toutes sortes de drogues et invitait des hommes louches dans sa chambre en laissant traîner des vibromasseurs et dessous sexy dans l'appartement partagé avec trois autres jeunes filles.

Pour les procureurs, Meredith a été tuée parce qu'elle refusait de participer à un jeu sexuel avec Amanda, le petit ami italien de l'Américaine, Raffaele Sollecito, co-accusé du meurtre, et un immigré ivoirien Rudy Guédé, jugé séparément.

Meredith avait été retrouvée dans une mare de sang le 2 novembre 2007, la gorge tranchée et à demi-nue.

La famille Knox a toujours présenté une image opposée d'Amanda, décrite comme affectueuse, saine et sportive, fière de son amitié avec Meredith.

«Comment aurais-je été capable d'une telle violence? Comment pourrais-je avoir fait du mal à une de mes amies?», avait lancé Amanda au début de son procès en appel en novembre 2010.

Difficile d'y voir clair, d'autant qu'Amanda est devenue un phénomène médiatique sous le nom de «Foxy Knoxy» («Knoxy rusée et sexy», NDLR), son pseudo sur le réseau MySpace, qu'elle jure avoir choisi en référence à son habileté au football.

Son «Visage d'Ange» - titre d'un livre sur l'affaire - a fait la Une des journaux à sensation et médias du monde entier. Surtout en Grande-Bretagne, où la presse a souvent pris parti pour la famille de Meredith, et aux États-Unis, où dominent les partisans acharnés d'Amanda.

Les tabloïds britanniques ont publié des «scoops» sur son passé douteux.

Le Daily Mail a ainsi cité un participant à sa fête de départ des États-Unis, pour qui la soirée se résuma à «de la boisson, de la drogue et des corps éparpillés un peu partout».

À l'opposé, des groupes de soutien à Amanda dans sa ville de Seattle et sur l'internet ont dénoncé une «image déformée» par les médias, critiquant aussi le système judiciaire italien.

Condamnée en première instance à 26 ans de réclusion en décembre 2009, Knox a toujours clamé son innocence, affirmant avoir admis au départ sa présence sur le lieu du crime parce qu'elle avait craqué après de longs interrogatoires policiers sans avocat ni interprète.

Pendant les quatre années passées derrière les barreaux, la jeune étudiante de l'Université de Washington a beaucoup prié et lu avec passion Dostoïevski et Hemingway, selon un parlementaire italien qui a publié un livre.

Dans cet ouvrage et des interviews via ses avocats, Knox a confié ses rêves de liberté, son ambition de devenir écrivain, son aspiration à la maternité ou son intérêt pour le bouddhisme et le christianisme.

Pendant le procès en appel qui avait abouti à son acquittement en octobre 2011, Amanda Knox avait paru épuisée, notamment quand l'avocat d'un barman congolais qu'elle avait accusé à tort du meurtre s'était lancé dans une diatribe très virulente contre elle.

«Qui est Amanda Knox? Elle a un double visage : d'un côté elle est angélique, bonne, pleine de compassion presque une sainte, de l'autre elle est démoniaque, diabolique et n'aspire qu'à des comportements limites et extrêmes», avait-il asséné.

Depuis son retour aux États unis après sa libération en 2011, la jeune fille a repris des études de langues et un livre doit sortir le mois prochain qui sera «un compte rendu détaillé et complet» des évènements.

De son côté, son ex-petit ami Raffaele Sollecito a donné sa propre version des faits dans un livre où il l'accuse de «comportement bizarre» et émet des doutes sur sa présence à ses côtés la nuit du meurtre, ce qui constituait l'alibi principal de la jeune fille.

C'est dans ce contexte que la Cour de cassation a décidé mardi qu'un nouveau procès devait avoir lieu pour arriver peut-être enfin à la vérité.