La date du référendum d'indépendance en Écosse a finalement été fixée au 18 septembre 2014, a triomphalement annoncé jeudi le premier ministre écossais Alex Salmond qui a fait de l'émancipation du «pays des Scots» le combat de sa vie.

«J'ai l'honneur d'annoncer que le jeudi 18 septembre 2014, nous allons organiser le référendum sur l'Écosse, un jour historique pour les habitants qui décideront de l'avenir» du territoire, a déclaré M. Salmond sous les applaudissements des députés de sa majorité au parlement d'Holyrood, à Édimbourg.

La date exacte du scrutin constituait l'un des derniers détails à régler autour de l'épineuse consultation, Londres souhaitant en finir au plus vite tandis que le Parti national écossais (SNP) de M. Salmond entendait s'accorder du temps pour mieux convaincre.

Aujourd'hui, selon les sondages, près d'un tiers des 5 millions d'Écossais seulement sont partisans de l'indépendance, plus de trois siècles après le rattachement de leur région à la couronne britannique, en 1707.

Les trois principales formations politiques britanniques - les partis conservateur et libéral-démocrate au pouvoir, ainsi que le parti travailliste d'opposition- sont déterminées à faire campagne pour le non, afin de préserver la cohésion du Royaume-Uni.

Le projet de loi référendaire dévoilé jeudi est pour nous «le texte législatif le plus important» depuis 1999, date à laquelle le premier ministre travailliste Tony Blair a accordé une large autonomie à la région écossaise, a souligné M. Salmond. Son adoption est une formalité, du fait de la majorité absolue dont dispose le SNP, réélu très confortablement en 2011.

L'économiste de 58 ans à l'accent rocailleux s'est déclaré jeudi convaincu que dans 547 jours ses concitoyens se prononceraient pour «une nouvelle relation modernisée avec les autres nations constitutives du Royaume-Uni», à savoir l'Angleterre, l'Irlande du Nord et le pays de Galles.

D'après lui, la relation anglo-écossaise se reconstruira alors sur «un véritable partenariat à égalité».

Le référendum d'indépendance s'inscrira dans une année particulièrement importante pour l'Écosse. En 2014, la région accueille les Jeux du Commonwealth... et célèbre le 700e anniversaire d'une victoire historique sur les troupes anglaises d'Edouard II, à la bataille de Bannockburn.

Le libellé de la question qui sera posée, invitant à répondre par «oui» ou par «non», sera finalement extrêmement simple: «L'Écosse doit-elle être un pays indépendant?».

Elle sera par ailleurs unique, là où M. Salmond aurait souhaité une question subsidiaire de rattrapage, proposant une autonomie économique accrue en cas de réponse négative à la première question sur l'indépendance.

La raison pour laquelle Alex Salmond a décidé d'attendre l'automne 2014 pour organiser la consultation est toute simple, a réagi jeudi le chef de file des travaillistes écossais, Johan Lamont: «Il sait parfaitement que s'il organisait le référendum aujourd'hui, il ne se contenterait pas de le perdre, il serait mis en déroute», a-t-il affirmé.

Le premier ministre britannique David Cameron s'est résolu à contre-coeur à l'organisation d'un tel référendum, par respect pour la démocratie selon lui. En visite à Édimbourg en octobre dernier, il déclarait: «Je crois farouchement que l'Écosse doit rester britannique», mais les Écossais ont élu un parti souhaitant un référendum et «il convient de respecter leur vote».

Le débat promet d'être acharné entre partisans et opposants de l'indépendance, qui n'hésitent pas à dramatiser les enjeux.

Ils font ainsi valoir qu'en cas de victoire du «oui», les Écossais devraient partager les revenus de l'or noir offshore de la mer du nord avec les Anglais, en doutant de la viabilité économique de la nouvelle entité.

Le SNP social-démocrate et pro-européen devrait par ailleurs présenter une demande d'adhésion aléatoire à l'Union européenne.

À ce jour, le parlement écossais a des compétences en matière d'éducation, de santé, d'environnement et de justice, mais les questions relatives aux affaires étrangères et à la défense relèvent du gouvernement britannique.

Les prérogatives exactes d'une Écosse indépendante restent à définir en cours de campagne. Il est cependant acquis qu'en cas de divorce, le nouvel État souhaiterait conserver la livre sterling, et Elizabeth II pour souveraine.