Nombre de journaux britanniques ont fait part mardi de leurs inquiétudes après la conclusion d'un accord entre les trois principaux partis en vue de la création d'un nouvel organe de surveillance des médias.

Plusieurs grands quotidiens nationaux ont publié un communiqué commun, soulignant que ce projet contenait des «éléments très controversés».

«Nous ne pouvons donner des réponses avant d'avoir eu le temps d'étudier» ces propositions, ont souligné le Daily Mail, le Daily Telegraph, le Daily Express et le groupe News International, qui publie le Sun et le Times.

Ils se sont plaints de ne pas avoir été représentés lors de la réunion où les conservateurs, les libéraux-démocrates et les travaillistes se sont mis d'accord sur ce nouveau régulateur.

Dans un éditorial, le Daily Telegraph a jugé que «le Rubicon avait été franchi» en matière de liberté de la presse, «après 318 années où journaux et magazines n'étaient pas sous son influence» du pouvoir politique.

Le Times a dénoncé «un précédent dangereux» et un «triste évènement dans l'histoire de la liberté de la presse au Royaume-Uni».

La première page du tabloïd The Sun était barrée du titre «Le ministère de la vérité», une référence à la «glaçante société totalitaire» imaginée par George Orwell dans son roman «1984».

Le Sun et le Times appartiennent tous deux au groupe Murdoch, comme le News of The World qui a dû mettre en 2011 la clé sous la porte à cause du retentissant scandale des écoutes téléphoniques.

Ce tabloïd a fait écouter dans les années 2000 des centaines de personnes pour alimenter sa machine à scoops.

Le nouvel organe de régulation de la presse est une réponse à ce scandale.

Il aura notamment le pouvoir d'imposer des «amendes allant jusqu'à un million de livres» (1,6 million de dollars) aux journaux.

Il pourra aussi exiger que des «excuses en bonne et due forme» soient présentées aux victimes d'éventuelles dérives de la presse.

Le nouveau système est fondé sur le volontariat, mais les journaux qui refusent d'y adhérer s'exposeront à payer de substantiels dommages et intérêts en justice, en cas de poursuites.

Le Guardian (opposition) a estimé que ce communiqué commun «suggérait que les acteurs les plus puissants se demandaient encore s'ils allaient jouer le jeu».

La Newspaper Society, qui représente un millier de journaux locaux, a dénoncé pour sa part «un fardeau très handicapant» pour la presse locale.