Andreï Lougovoï, principal suspect de l'assassinat en 2006 à Londres de l'opposant et ex-agent du FSB russe Alexandre Litvinenko, a annoncé mardi qu'il ne participerait pas à l'enquête judiciaire sur la mort par empoisonnement au polonium de ce transfuge russe.

«Je suis obligé d'annoncer que je me retire de l'enquête et que je n'y prendrai plus part», a indiqué M. Lougovoï lors d'une conférence de presse à Moscou, précisant que son équipe de juristes en Grande-Bretagne ne présenterait plus de documents.

Une enquête judiciaire est destinée à établir les circonstances exactes d'un décès en cas de mort violente ou inexpliquée. Menée parallèlement à l'enquête policière, elle ne débouche pas sur un procès et ne vise pas à établir les responsabilités pénales ou civiles.

L'enquête judiciaire sur la mort de Litvinenko doit débuter plus tard dans l'année.

M. Lougovoï, actuellement député en Russie, a expliqué que sa décision était liée à la demande du ministre britannique des Affaires étrangères William Hague d'empêcher que des preuves liées à l'affaire Litvinenko soient rendues publiques pour des raisons de sécurité.

«Il y a la position de la Grande-Bretagne de rendre cela secret et il y a ma position : de ne pas prendre part, car cela a été rendu secret», a-t-il déclaré.

«Je ne crois plus qu'une enquête impartiale sur cette affaire soit possible en Grande-Bretagne», a-t-il ajouté.

La décision du gouvernement britannique a également été dénoncée par des médias britanniques et la famille Litvinenko.

Fin février, l'avocat de sa veuve Marina Litvinenko avait affirmé que le Royaume-Uni cherchait à garder secrètes des informations concernant la mort d'Alexandre Litvinenko afin de ne pas affecter des accords commerciaux avec la Russie.

Litvinenko, un transfuge du FSB (services de renseignement russes) réfugié au Royaume-Uni, avait bu un thé en novembre 2006 avec Andreï Lougovoï et l'homme d'affaires Dmitri Kovtoun, dans un hôtel londonien. Il avait succombé peu après à un empoisonnement au polonium, une substance radioactive.

Cette affaire est un sujet de contentieux entre Londres et Moscou, en raison du refus de la Russie d'extrader M. Lougovoï, considéré par les enquêteurs britanniques comme le principal suspect de l'assassinat.