Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a mis en garde jeudi le Royaume-Uni contre une éventuelle sortie de l'UE, affirmant qu'un tel départ aurait « un prix » pour Londres.

« Partir est une décision prise volontairement, librement et elle est parfaitement légitime, mais elle a un prix », a déclaré M. Van Rompuy à Londres, au cours d'une conférence européenne sur les moyens de relancer la zone euro et sur la place du Royaume-Uni dans l'Europe.

Le premier ministre britannique David Cameron s'est engagé en janvier, sous la pression des eurosceptiques, à organiser d'ici à la fin 2017 un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans une Union européenne réformée. M. Cameron entend rapatrier d'ici là des prérogatives de Bruxelles à Londres, notamment dans le domaine des « affaires sociales et criminelles ».

« Je suppose que » les autres pays de l'UE « n'aiment pas particulièrement cette idée », mais « ils ne la craignent pas non plus », a estimé M. Van Rompuy.

« Comment convaincre une pièce pleine de gens si votre main reste accrochée à la poignée de la porte? », a-t-il poursuivi.

M. Van Rompuy a insisté sur le fait que quitter l'UE ne serait pas facile pour le Royaume-Uni. « Quitter le club est légalement possible. Mais il ne s'agit pas seulement de partir. Ce serait un problème bien plus compliqué et une décision difficilement applicable, sur le plan légal et politique (...). Penser à un divorce au bout de quarante ans de mariage », a-t-il estimé, en allusion à l'entrée du Royaume-Uni dans l'UE en 1973.

Selon M. Van Rompuy, les intérêts britanniques seront bien mieux préservés si le Royaume-Uni fait campagne pour obtenir des réformes au sein de l'UE, notamment pour consolider le marché commun.

« C'est mieux si le Royaume-Uni et le reste de l'Europe travaillent à ces changements ensemble », a-t-il avancé. « Pour un pays comme le Royaume-Uni désireux de faire entendre sa voix dans le monde, l'Europe n'est pas une sourdine, mais un mégaphone », a-t-il ajouté.

S'exprimant au cours du même forum, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn avait fait un peu plus tôt jeudi des déclarations dans le même sens.

« Il est clairement dans l'intérêt de la Grande-Bretagne d'utiliser son énergie pour réformer l'Europe plutôt que d'essayer de défaire notre communauté, ce qui nous rendrait tous plus faibles », a-t-il déclaré. « Pourquoi ne pas se concentrer sur la réforme plutôt que sur le rapatriement » de pouvoirs, a demandé le commissaire européen.