La Russie a annoncé mercredi qu'elle mettait fin à l'accord de coopération avec les États-Unis sur la lutte contre le trafic de drogue et le crime organisé, un nouveau signe témoignant de la détérioration des relations entre les deux pays.

Le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a ordonné de mettre fin à cet accord russo-américain signé le 25 septembre 2002, car il «ne correspond plus aux réalités actuelles et son potentiel est épuisé», précise le service de presse du gouvernement dans un communiqué.

L'accord, qui prévoyait que les États-Unis participent au financement de certains projets russes visant à lutter contre le crime organisé et le trafic de stupéfiants, était jusque-là nécessaire en raison de moyens budgétaires insuffisants, ajoute le communiqué, laissant entendre que la Russie n'avait plus besoin de fonds extérieurs.

Le retrait de cet accord veut dire que la Russie a désormais «suffisamment de moyens (...) et a l'intention de poursuivre le travail dans ce domaine sans aide de qui que ce soit», a déclaré Alexeï Pouchkov, président de la commission des Affaires étrangères à la Douma russe (chambre basse du Parlement), cité par l'agence Interfax.

Cette décision vise à «réduire la dépendance» de la Russie vis-à-vis des États-Unis, a-t-il souligné.

«Nous sommes en train de demander des éclaircissements auprès du gouvernement russe. Nous regrettons naturellement cette décision», a fait valoir mercredi la porte-parole de la diplomatie américaine.

«Cela ne change rien au fait qu'il est dans notre intérêt mutuel de travailler ensemble, soit sur la scène internationale, soit de manière bilatérale», a ajouté Victoria Nuland.

Cette annonce intervient sur fonds de tensions russo-américaines qui se sont accrues ces derniers temps après une série de mesures prises par Moscou afin de réduire l'influence de Washington sur la vie politique en Russie.

La Russie a ainsi adopté en décembre une loi interdisant l'adoption d'enfants russes aux États-Unis et prévoyant de dresser une «liste noire» de ressortissants américains indésirables dans le pays, soupçonnés d'avoir violé en particulier les droits des citoyens russes.

Considérée comme l'une des mesures les plus hostiles prises par Moscou envers Washington depuis la guerre froide, cette loi a été votée en réponse à une loi précédemment adoptée par le Congrès américain et promulguée par le président Barack Obama, qui interdit notamment de séjour aux États-Unis les responsables russes impliqués dans la mort en prison en 2009 du jeune juriste Sergueï Magnitski.

«Nous continuerons de réagir de manière adéquate à des démarches inamicales» de la part des États-Unis, a prévenu mercredi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, dans article sur les priorités de la politique étrangère de la Russie.

Toutefois, la position de Moscou «se base sur la bonne volonté de développer les relations russo-américaines tous azimuts», a-t-il écrit dans cet article publié sur le site du ministère russe des Affaires étrangères.

«Nous sommes convaincus que le maintien d'une coopération stable et prévisible avec les États-Unis répond à nos intérêts communs», a ajouté M. Lavrov.

En septembre dernier, la Russie a ordonné à l'Agence américaine pour le développement international (USAID) de cesser ses activités, l'accusant de s'immiscer dans la politique intérieure en soutenant des groupes critiques du régime.

Quelques mois plus tôt, les autorités russes avaient également adopté une loi controversée qualifiant d'«agents de l'étranger» et plaçant sous un contrôle étroit les ONG bénéficiant d'un financement étranger, notamment américain.