Mohamed Merah, le djihadiste français assassin de sept personnes, dont trois enfants juifs en mars 2011, n'était pas un «loup solitaire», a affirmé mardi à Bruxelles le ministre français de l'Intérieur Manuel Valls.

«L'action de Mohamed Merah a été le résultat d'une préparation minutieuse, d'un véritable processus d'apprentissage fait de contacts nombreux», a-t-il expliqué devant les participants d'une conférence internationale sur la lutte contre l'extrémisme violent.

«La fameuse thèse du loup solitaire ne tient pas pour Merah», a-t-il soutenu.

Manuel Valls, socialiste, soutient ainsi une thèse opposée à celle de Bernard Squarcini, l'ancien patron du renseignement intérieur lorsque la droite était au pouvoir. Selon ce dernier, Merah incarne les «nouvelles techniques opérationnelles» d'Al-Qaïda, qui privilégie «la voie du loup solitaire».

«Il (Merah) n'a pas agi seul, à l'évidence. Il a tué seul, mais il s'est déplacé en Afghanistan, au Pakistan, il a eu des contacts, il a reçu sans doute une formation rudimentaire aux armes, il a vécu dans un environnement, «a soutenu Manuel Valls au cours d'une rencontre avec quelques journalistes dont l'AFP.

«Je fais la différence. Le loup solitaire, en l'occurrence, c'est Breivik (auteur d'un massacre en Norvège, NDLR) qui semble avoir agi, s'est formé à travers internet tout seul. Ce n'est pas le cas de Merah», a-t-il souligné.

«Merah est seul, mais pas isolé. Ce n'est pas la même chose. Il y a un environnement, qui peut être celui de la famille, du quartier, de la prison. Des contacts qui ont été les siens, en France ou à l'étranger, qui ont forgé ce processus de radicalisation qui l'a amené à tuer», a-t-il précisé.

Mohamed Merah, petit délinquant radicalisé des quartiers populaires de Toulouse (sud-ouest de la France), a assassiné au nom du djihad trois parachutistes, puis trois enfants et un enseignant juifs entre le 11 et le 19 mars à Toulouse et à Montauban, autre ville du sud-ouest. Il a été abattu par la police le 22 mars lors de l'assaut de l'appartement où il s'était retranché.

Les familles des quatre militaires victimes de Mohamed Merah - un quatrième parachutiste a été blessé - vont être reçues à leur demande par Manuel Valls le 30 janvier pour évoquer la déclassification de documents de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI) concernant Merah.