Les députés français entament mardi le marathon du projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels, un débat qui devrait durer quinze jours et voir s'opposer frontalement majorité de gauche et opposition de droite qui se sont déjà mesurées dans la rue.

Les positions sont connues et tranchées. Avec le gouvernement, les députés de gauche pensent qu'il faut ouvrir aux couples homosexuels et à leurs enfants les mêmes droits qu'aux familles hétérosexuelles.

C'est la position que défendra la ministre de la Justice Christiane Taubira à l'ouverture des débats à 10h00. «Il n'y a pas de raisons que les couples hétérosexuels soient protégés par l'Etat et que les couples homosexuels ne puissent pas bénéficier de cette protection», a-t-elle réaffirmé dimanche.

«Pas de raisons non plus pour que les enfants des couples hétérosexuels bénéficient d'une sécurité juridique, tandis que les enfants d'homosexuels n'en bénéficient pas», a-t-elle ajouté. Il y aurait en France plusieurs dizaines de milliers d'enfants dans ce cas.

L'opposition, soutenue par l'Eglise catholique, ne désarme pas, surtout sur la question de la filiation: un enfant ne peut se construire normalement qu'avec des parents de sexe différent, dit-elle, à l'instar de certains psychiatres.

Pour s'opposer au projet de loi, elle a déposé plus de 5000 amendements, un nombre inhabituellement élevé.

Mais, quelle que soit la durée des débats, les dés sont jetés. «Une loi sera votée et même à une large majorité», a prédit le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

Selon un dernier sondage Ifop publié samedi, l'opinion est majoritairement favorable au mariage homosexuel (à 63% pour) mais très partagée sur l'adoption par des couples du même sexe (49% pour, 51% contre).

Le débat sur cette promesse de campagne de François Hollande, qui alignerait la France sur d'autres pays européens (Espagne, Portugal, Pays-Bas...) dure déjà depuis des mois et a fait l'objet de plusieurs manifestations de masse.

Les partisans du mariage homosexuel ont ainsi rassemblé, dimanche à Paris, entre 125 000 et 400 000 personnes selon les sources, deux fois plus que lors de leur précédente mobilisation à la mi-décembre mais trois fois moins que les «anti» le 13 janvier.

Pour tenter de calmer le jeu, la majorité a renvoyé à un autre texte de loi sur la famille, attendu au printemps, le débat sur l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes.