La Française Florence Cassez a été accueillie comme une vedette jeudi à Paris après sa libération au bout de sept ans de prison, décidée par la Cour suprême du Mexique, tandis qu'une polémique enflait sur les rôles de François Hollande et de Nicolas Sarkozy dans cette libération.

Florence Cassez, dont la détention fut à l'origine d'une crise diplomatique entre Paris et Mexico, était attendue sur le tarmac de l'aéroport parisien de Roissy par ses proches et par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, mais aussi par de très nombreux journalistes.

Depuis l'annonce de sa libération, les médias suivent, minute par minute, le retour de cette Française de 38 ans, multipliant les éditions spéciales, à l'image de la mobilisation passionnée que suscite son cas depuis des années, contrastant avec l'indifférence qui entoure d'autres Français détenus à l'étranger.

Son comité de soutien et son avocat ont réussi il y a plusieurs années de cela à sensibiliser médias et politiques, choqués par la lourdeur d'une condamnation en 2009 à 60 ans de prison pour enlèvements, délinquance organisée et port d'armes prohibées dans un dossier comprenant de nombreuses irrégularités.

Florence Cassez avait été arrêtée le 8 décembre 2005, en compagnie de son fiancé mexicain, soupçonné de diriger un groupe accusé d'une dizaine d'enlèvements et de meurtre.

Le lendemain, un montage télévisé organisé par la police avait fait d'elle, aux yeux des téléspectateurs mexicains, «Florence la diabolique», membre d'une bande criminelle spécialisée dans les enlèvements, un véritable fléau au Mexique.

Une idée qui reste depuis ancrée dans l'opinion mexicaine, même si une partie de la presse a changé de bord ces derniers mois et soutenu sa libération au fur et à mesure que les révélations s'accumulaient sur les zones d'ombre de ce dossier.

Pour expliquer sa décision, la Cour suprême a notamment estimé que les droits constitutionnels de la Française avaient été violés par les autorités au moment de son arrestation.

Discrétion de Hollande contre activisme de Sarkozy

Le président français François Hollande a salué la décision de la Cour suprême et remercié dans un communiqué «tous ceux qui, au Mexique comme dans notre pays, se sont engagés pour que la vérité et la justice prévalent».

Mais, au grand dam de responsables de la droite, il n'a pas cité le nom de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui s'était démené, mais en vain, pour la jeune Française.

L'affaire avait même provoqué en 2011 une crise diplomatique ayant entraîné l'annulation par Mexico de l'année du Mexique en France, après la décision de M. Sarkozy de dédier cet événement à la jeune femme.

C'est précisément cet activisme que lui a reproché, implicitement, Jean-Pierre Bel, président socialiste du Sénat.

«Avoir été discret, avoir voulu parier sur la justice mexicaine et lui faire confiance, c'était le bon moyen d'être utile et efficace pour Florence», a déclaré M. Bel.

Les comparaisons entre les méthodes Sarkozy et Hollande sont de la «basse politique politicienne», a répliqué l'ancien secrétaire général de l'Élysée Claude Guéant, cependant que Nicolas Sarkozy s'est dit quant à lui «très ému et très heureux» de l'annonce de la libération de Florence Cassez.

Charlotte Cassez, la mère de Florence, a pour sa part tenu à défendre Nicolas Sarkozy.

«Si le président Sarkozy a agi de cette façon, c'est parce qu'il y avait un très net blocage du côté du Mexique», a-t-elle déclaré. «Je pense que les choses sont moins compliquées, surtout parce que Felipe Calderon a quitté la présidence du Mexique», a-t-elle ajouté.

Felipe Calderon, président mexicain de 2006 à 2012, avait plusieurs fois affiché sa conviction de la culpabilité de la Française. Depuis, son successeur Enrique Peña Nieto et son nouveau gouvernement ont laissé la justice faire leur travail.

En décidant la libération de la Française et l'annulation de la peine de 60 ans à laquelle elle était condamnée, la Cour suprême du Mexique ne s'est pas prononcée sur la culpabilité de Florence Cassez dans les crimes qui lui sont reprochés.