Marc et Eddy Verbessem étaient belges, jumeaux, cordonniers à Anvers, quadragénaires. Ils étaient aussi sourds de naissance et allaient bientôt devenir aveugles. En décembre dernier, ne voyant plus ce que la vie pouvait leur offrir, ils ont choisi d'être euthanasiés. Leur histoire a remué la Belgique.

L'euthanasie est une pratique légale et encadrée depuis 10 ans en Belgique. Pourtant, l'histoire des jumeaux Verbessem a secoué les Belges, qui se sont demandé si l'esprit de leur loi avait été respecté. Pourquoi cette histoire a-t-elle autant touché les gens?

Probablement parce qu'il «s'agit de jumeaux jeunes qui avaient encore une espérance de vie», a dit aux médias belges Jacqueline Herremans, membre de la Commission euthanasie et présidente de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité. «Et cette décision de partir ensemble frappe également, ça ne fait aucun doute.»

Les conditions de la loi semblent avoir été respectées, a dit Mme Herremans. Les frères, âgés de 45 ans, déjà sourds de naissance, souffraient tous deux d'un glaucome avec perte progressive de la vision pouvant mener à la cécité. «La demande était claire, volontaire, réfléchie et réitérée. Cela faisait un an que les deux frères y songeaient, voyant leur vue diminuer terriblement.»

Ce n'était pas tant la surdité qui minait leur vie, a ajouté Mme Herremans, que la cécité qui les gagnait progressivement et qui était incurable. «Les souffrances n'étaient sans doute pas d'ordre physique, mais d'ordre psychique», a-t-elle précisé. La perte d'autonomie et la perspective de ne plus se voir leur étaient intolérables. Cette détresse psychologique, qu'avaient exprimée les jumeaux, est bien reconnue dans la loi belge.

Dans la sérénité

Dans le cas, comme celui-ci, où la mort n'est pas prévisible à brève échéance, la loi belge prévoit qu'au moins deux médecins soient consultés - le médecin traitant et un second qui s'assure que toutes les pistes possibles ont été examinées. La loi prévoit aussi l'évaluation de la souffrance, qu'elle soit d'ordre physique ou psychique. Enfin, l'affection en cause doit avoir un caractère grave et incurable.

«Sereinement, ils ont encore bu un café dans le couloir», a raconté à la télé le médecin qui les a accompagnés. «Longuement, ils ont eu une discussion très riche avec l'aumônier. Calmement, ils ont dit au revoir à leur famille. Et, faisant un signe de la main, ils s'en sont allés.»

Pourquoi les jumeaux, puisqu'ils étaient physiquement en mesure de le faire, ne se sont-ils pas suicidés? «Vous savez, se suicider, ce n'est pas si facile que ça de bien le faire, a répondu Mme Herremans à La Libre Belgique. Ici, la différence est qu'ils ont pu partir entourés des leurs. Les parents étaient présents, ainsi qu'un frère. Et je crois que cela s'est fait dans la plus complète sérénité.»

Avec RTL-TVI, La Libre Belgique