Entre 340 000 et 800 000 manifestants ont défilé dimanche à Paris contre le mariage homosexuel que veut légaliser le président socialiste François Hollande, qui a annoncé maintenir son projet de réforme.

À l'arrivée des trois cortèges sous la Tour Eiffel, la préfecture de police de Paris a avancé le chiffre de 340 000 personnes. La police attendait entre 150 000 et 300 000 personnes.

Le chiffre de 800 000 manifestants a été avancé par les organisateurs, un collectif soutenu par l'Église catholique et l'opposition de droite. Une première manifestation contre le projet avait rassemblé le 17 novembre 100 000 personnes.

La présidence de la République a immédiatement réagi en reconnaissant une manifestation «consistante», mais qui «n'empêchera pas le débat au Parlement» sur le projet de loi sur l'ouverture du mariage et de l'adoption au couple homosexuel, prévu à partir du 29 janvier.

La marche est partie de trois endroits de Paris vers la Tour Eiffel, sous les slogans «Tous nés d'un homme et d'une femme», «Mariage gai: la loi prive l'enfant d'une mère ou d'un père»,  «Touche pas au mariage, occupe-toi du chômage!». De tous âges, les manifestants défilaient souvent en famille.

Venu de Haute-Loire, dans le centre de la France, Jacques Julien, 70 ans, qui dit avoir voté pour le socialiste François Hollande à l'élection présidentielle de mai 2012, brandit une pancarte affirmant: «Base de la famille, un homme et une femme!». «Je dis tout haut ce que pensent bien des gens de gauche», précise-t-il.

«Cette manifestation a valeur de test pour François Hollande parce que là, on voit très clairement qu'il y a en France des millions de Français qui sont probablement préoccupés par cette réforme», a déclaré Jean-François Copé, le patron du principal parti d'opposition de droite UMP, présent dans le cortège.

Dérapage

«Ce Parlement a décidé de changer le sens du mot mariage. C'est d'une grande violence pour le peuple que de changer le sens d'un mot», a renchéri l'archevêque de Lyon (centre-est), Mgr Philippe Barbain.

La future loi traduit une promesse de campagne du président socialiste Hollande pour légaliser le mariage homosexuel, ainsi que l'adoption, comme dans d'autres pays (Espagne, Portugal, Pays-Bas...).

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a exclu un référendum, réclamé par une partie des opposants et par 115 parlementaires dans un appel solennel.

Tentative apparente de calmer le jeu dans une société profondément divisée, la majorité socialiste a renvoyé à un autre texte de loi le débat sur l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes.

Une majorité de Français, 56%, sont favorables au mariage gai, mais seuls 50% soutiennent l'ouverture de l'adoption pour les homosexuels, selon un récent sondage. D'autres sondages ne donnent que 40% de Français favorables à l'adoption.

L'opposition au mariage gai compte plusieurs porte-parole, dont une humoriste et lobbyiste catholique, Frigide Barjot, 50 ans, très médiatique avec ses tenues roses et son maquillage appuyé. «La manif sera réussie quand le président nous recevra», a-t-elle déclaré.

Frijide Barjot, de son vrai nom Virginie Tellenne, s'est montrée dimanche très embarrassée par le dérapage d'un autre porte-parole, Xavier Bongibault, qui a fait un parallèle confus entre Hollande et Hitler: «Dire que tous les homos ont pour seul instinct sexuel leur orientation sexuelle, c'est la ligne qui était défendue par un homme que l'Allemagne a bien connu à partir de 1933 et c'est la ligne que François Hollande défend aujourd'hui».

Les pro-mariage gais descendront à leur tour dans la rue le 27 janvier.