Un scandale a éclaté en Hongrie après qu'un fondateur du Fidesz, le parti du premier ministre Viktor Orban, a appelé à «éliminer les animaux tziganes», s'attirant les foudres de l'opposition et une condamnation prudente du parti au pouvoir.

Dans le journal Magyar Hirlap, proche du Fidesz, Zsolt Bayer avait écrit que «les animaux tziganes» n'étaient pas dignes de vivre comme des êtres humains, car ils «faisaient leurs besoins où ils voulaient» et une bonne partie des Roms était des «assassins» qu'il fallait «éliminer».

Les propos du journaliste, parus samedi, étaient passés quasiment inaperçus avant que le ministre de la Justice et de l'Administration Tibor Navracsics, membre du Fidesz, ne déclare lundi soir à la télévision commerciale ATV que Bayer n'avait «pas sa place» au sein du Fidesz.

«Une personne qui compare un groupe de personnes à des animaux n'a pas de place dans notre communauté», a-t-il déclaré.

Mardi, la porte-parole officielle du Fidesz s'est montrée moins catégorique, soulignant que M. Navracsics exprimait une «opinion personnelle» et non celle du parti.

«Les acteurs de la vie publique ne devraient pas écrire sous l'emprise d'une telle colère», a-t-elle estimé, citée par l'agence de presse nationale MTI.

«Nous comprenons la colère de la société face à certains crimes commis», a-t-elle cependant ajouté.

Jenö Setét, le directeur de l'ONG rom «Ide tartozunk» («Nous vivons ici»), a rappelé que la série de meurtres perpétrés contre les Roms entre 2008 et 2009 (six morts) avait été «précédée de discours et d'articles similaires».

Le parti DK (coalition démocratique) de l'ancien premier ministre Ferenc Gyurcsany a demandé au procureur général de lancer des poursuites contre Zsolt Bayer pour incitation à la haine, et a annoncé la tenue d'une manifestation le dimanche 13 janvier.

La nouvelle formation de l'ancien premier ministre technocrate Gordon Bajnai, rival de Viktor Orban, a de son côté appelé à «une action commune des démocrates de gauche et de droite».

«Mes paroles ont été intentionnellement mal interprétées», a expliqué M. Bayer dans une réaction parue sur le site en ligne du journal Magyar Hirlap.

«Je ne veux pas liquider les Roms, ni une partie des Roms, ni un seul Rom. Je veux que les Roms honnêtes travailleurs puissent réussir en Hongrie, et que ceux qui sont incapables de cohabiter et de vivre ensemble soient exclus de la société», a-t-il fait dit.

Ce proche de Viktor Orban a déjà causé plusieurs scandales en Hongrie avec des propos antisémites.