La loi très controversée interdisant l'adoption d'enfants russes aux États-Unis, promulguée le 28 décembre par le président Vladimir Poutine, est entrée en vigueur mardi, selon les médias officiels russes.

Considérée comme l'une des mesures les plus hostiles prises par Moscou envers Washington depuis la guerre froide, cette loi avait été votée par le Parlement russe en réponse à la «liste Magnitski», une loi précédemment adoptée par le Congrès américain et promulguée par le président Barack Obama.

Celle-ci interdit de séjour aux États-Unis les responsables russes impliqués dans la mort en prison en 2009 du jeune juriste Sergueï Magnitski ou dans d'autres violations des droits de l'homme, et prévoit de geler leurs biens.

La nouvelle loi russe prévoit de même de dresser une «liste noire» des Américains indésirables en Russie, soupçonnés d'avoir violé en particulier les droits des citoyens russes.

Les États-Unis ont exprimé fin décembre leurs «profonds regrets» après la promulgation de cette loi russe, accusant Moscou d'avoir pris une décision «politique» contre Washington.

L'adoption de ce texte a provoqué en Russie des divisions au sein de l'establishment politique --un fait rare-- plusieurs ministres ayant affiché leur désapprobation, au premier rang desquels le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov.

L'opposition anti-Poutine tente d'exploiter ces divisions au sein de l'élite au pouvoir en appelant à manifester contre cette loi le 13 janvier au centre de Moscou, espérant réunir jusqu'à 20 000 personnes.

«Nous allons insister sur notre itinéraire», le défilé étant prévu à travers le centre-ville et devant se terminer devant la chambre basse du Parlement (Douma), a déclaré mardi l'un des organisateurs de la manifestation, l'opposant et journaliste Alexandre Rykline, à la radio Echo de Moscou.

«J'espère que la municipalité (de Moscou) va comprendre qu'elle doit respecter les lois et se rappeler que la Russie a une Constitution qui doit parfois être respectée», a-t-il ajouté, disant ainsi espérer que la manifestation serait autorisée.

Le 15 décembre, l'opposition anti-Poutine s'était vu refuser l'autorisation d'organiser une manifestation au centre de Moscou. Les organisateurs avaient bravé cette interdiction et le rassemblement avait donné lieu à des dizaines d'interpellations parmi les participants, environ un millier de personnes.

L'entrée en vigueur de la loi sur l'interdiction de l'adoption d'enfants russes aux États-Unis a un effet concret immédiat, mettant un terme à 52 procédures en cours qui n'avaient pas encore abouti, selon le délégué du Kremlin aux droits de l'enfant, Pavel Astakhov.

Selon des chiffres communiqués à l'AFP par M. Astakhov, près de 15 000 enfants russes ont été adoptés par des étrangers entre 2008 et 2011, dont plus de 5000 par des Américains, contre un peu plus de 33 000 par des Russes.

La loi contre ces adoptions porte le nom de Dima Iakovlev, un enfant russe adopté aux États-Unis en 2008 et mort oublié par son père adoptif américain dans une voiture en pleine chaleur.

L'Unicef, le fonds des Nations unies pour l'enfance, avait appelé Moscou à ne pas interdire les adoptions internationales, et à faire de «la détresse actuelle de nombreux enfants russes vivant dans des orphelinats un sujet prioritaire».