Le chef du gouvernement italien Mario Monti a affirmé dimanche qu'il ne serait pas candidat aux élections législatives de février, tout en se disant prêt à diriger le pays sur la base de son programme si le Parlement le lui demandait.

«Aux forces qui manifesteront une adhésion convaincue et crédible au programme Monti, je suis prêt à donner mon opinion, mes encouragements, et si on me le demande, à les diriger», a-t-il affirmé lors de sa conférence de presse fleuve de fin d'année, qui a commencé à 10H30 GMT et se poursuivait une heure et demie plus tard.

«Je suis prêt à assumer un jour, si les circonstances le veulent, les responsabilités qui me seraient confiées par le Parlement», a précisé M. Monti, 69 ans, qui est déjà sénateur à vie, alors que l'Italie était suspendue à ses lèvres pour connaître ses intentions.

M. Monti a annoncé la publication prochaine sur internet d'«un programme pour changer l'Italie et réformer l'Europe» présenté comme un «agenda pour un engagement commun, première contribution à une discussion ouverte».

M. Monti en a dévoilé les points phares: une nouvelle loi anticorruption, un programme de libéralisations, une réforme de la loi électorale... Avec «beaucoup de rose et beaucoup de vert», donc une place importante accordée aux femmes et à l'environnement.

Selon lui, l'essentiel est de «ne pas détruire les durs sacrifices que les Italiens ont dû consentir».

M. Monti s'est attardé sur le bilan de ses 400 jours à la tête du pays, tout en attaquant avec mordant son prédécesseur et rival Silvio Berlusconi.

«La crise financière a été vaincue», et ce «sans aides européennes, et sans aide du FMI» comme beaucoup nous le suggéraient fortement, s'est félicité M. Monti.

«Les Italiens peuvent de nouveau garder la tête haute comme citoyens européens», a-t-il souligné après avoir rappelé «la situation périlleuse dans laquelle se trouvait le pays» lorsqu'il en a succédé en novembre 2011 à Silvio Berlusconi.

Une pique destinée au Peuple de la Liberté (PDL), le parti du Cavaliere qui a causé la chute prématurée de son gouvernement en lui refusant la confiance.

M. Monti a exprimé son «désarroi» face aux déclarations contradictoires de M. Berlusconi, qui a alterné ces derniers jours déclarations louangeuses et condamnation sans appel sur l'action de son gouvernement.

«J'ai beaucoup de mal à suivre la linéarité de sa pensée», a-t-il glissé ironiquement avec son sens traditionnel de l'«understatement».

Il a aussi condamné la proposition du Cavaliere de supprimer l'impôt foncier sur la résidence, rétablie par son gouvernement et très impopulaire.

Tiraillé de toutes parts, M. Monti fait l'objet de fortes pressions des partenaires européens de Rome, mais aussi en interne des centristes, des milieux d'affaires et de l'Église catholique pour se lancer dans l'arène politique.

Mais plusieurs raisons l'incitent à la prudence. Être candidat le placerait en rivalité directe avec Pier Luigi Bersani, candidat de la gauche aux législatives et considéré comme favori. M. Bersani a déjà dit que s'il était élu, il continuerait sur la voie des réformes.

Autre danger: l'affrontement avec Silvio Berlusconi, qui s'est lancé à corps perdu depuis début décembre dans sa sixième campagne en 18 ans. «Il n'y a rien à sauver du gouvernement Monti», a lancé samedi le Cavaliere, poursuivant ses diatribes antiimpôts et antieuro.

En parallèle, son parti PDL a prié le président Giorgio Napolitano de garantir la «neutralité» de M. Monti pendant la campagne.

Enfin, les sondages ne sont guère encourageants pour Mario Monti. Selon l'institut SWG, le président du Conseil ne ferait gagner que 6 points à la mouvance centriste, qui, avec 15,4%, pourrait même être surclassée par le PDL de Berlusconi et ne pèserait pas très lourd dans la formation du prochain gouvernement.

Le même sondage montre que les Italiens sont à 60% opposés à une candidature politique de M. Monti.

Ce qui expliquerait la position prudente adoptée dimanche par M. Monti, qui se place ainsi en «réserve de la République» comme premier ministre de dernier recours si aucune majorité claire ne se dégageait au parlement.