Le Parlement ukrainien a entériné jeudi lors d'une session houleuse la reconduction du premier ministre démissionnaire Mykola Azarov, un bureaucrate fidèle au président Viktor Ianoukovitch.  

Un total de 252 députés ont soutenu sa candidature contre un minimum requis de 226.

Il s'agit de parlementaires du Parti des régions de M. Ianoukovitch (208 voix), des communistes (32 voix) et de 12 députés indépendants de cette assemblée monocamérale qui compte 450 sièges.

Le vote sur la candidature de M. Azarov, qui devait avoir lieu mercredi, avait été repoussé suite à de violentes bagarres dans l'hémicycle entre députés d'opposition et ceux du parti au pouvoir, qui se sont poursuivies jeudi, et du blocage de la tribune et du perchoir.

Les trois formations d'opposition - l'alliance Batkivchtchina proche de l'ex-première ministre emprisonnée Ioulia Timochenko, le parti Udar du célèbre boxeur Vitali Klitschko et le mouvement nationaliste Svoboda, qui comptent ensemble plus de 170 députés - ont refusé de voter pour M. Azarov.

«La politique du Parti des régions dont M. Azarov est un représentant est anti-ukrainienne, anti-sociale et anti-démocratique», a lancé un député de Svoboda, expliquant la position de sa formation.

De son côté, M. Azarov a appelé les forces parlementaires à mettre fin à la «confrontation» pour «faire face ensemble aux défis extérieurs», dont la crise économique mondiale.

L'Ukraine, dont l'économie est très dépendante de ses exportations, a été frappée de plein fouet par la crise mondiale de 2008. Et son économie subit, actuellement, une brusque rechute.

Bureaucrate fidèle du président, M. Azarov, qui aura 65 ans en décembre, avait démissionné au début du mois avec tout son gouvernement, arguant qu'il avait été élu député aux législatives du 28 octobre.

Le chef de l'État, qui a accepté la démission de son premier ministre, a cependant à nouveau présenté sa candidature à ce poste six jours plus tard. Les raisons de ces voltefaces demeurent inconnues.

L'équipe au pouvoir était vertement critiquée pour le recul de la démocratie, l'aggravation de la corruption dans le pays et des pressions sur les milieux d'affaires.

Avant le vote, plusieurs dizaines de députés se sont battus sur le perchoir de l'hémicycle, après que l'opposition a réclamé que soit respecté le vote personnel de chaque député au sein du Parlement ukrainien, qui a lieu de manière électronique.

Alors que des députés pro-gouvernementaux tentaient de repousser les opposants qui bloquaient le perchoir, d'autres grimpaient sur les bureaux des dirigeants du Parlement, avant de sauter sur leurs adversaires.

Au moins un député d'opposition a eu des hématomes sur le visage après avoir été jeté par terre et avoir reçu des coups de poings et de pieds de la part de députés du Parti des régions au pouvoir, selon l'agence Interfax.

Le boxeur Klitschko, champion du monde des poids lourds de la WBC, s'est prononcé en faveur du blocage, mais s'est abstenu de participer aux bagarres.

«Aux États-Unis, les poings des boxeurs sont considérés comme des armes. Et les poings d'un champion du monde peuvent être considérés comme une arme nucléaire. Je pense que nous n'allons pas l'utiliser pour le moment», a-t-il dit, cité dans un communiqué de son parti.