Le gouvernement conservateur britannique s'est finalement prononcé mardi en faveur du mariage homosexuel civil, mais la loi qu'il entend soumettre début 2013 au Parlement maintiendra le caractère illégal d'une telle union au sein de l'Église officielle anglicane.

S'appuyant sur les résultats d'une consultation populaire sur ce débat qui agite également des pays comme la France et les États-Unis, le ministère britannique de la Culture, chargé des questions d'égalité, a annoncé une «évolution historique». Elle «signifiera que pour la première fois des couples du même sexe pourront se marier lors de cérémonies civiles».

«Nos propositions aboutiront au fait que le mariage sera ouvert à tous», a déclaré la ministre de la Culture, Maria Miller, qui compte présenter le projet de loi en début d'année prochaine au Parlement.

«Ces changements renforceront le mariage dans notre société», a-t-elle ajouté, estimant que ce projet permettrait de «construire une société plus juste pour tous».

Le texte laissera aux diverses confessions, à l'exception notable toutefois de l'Église anglicane, le choix de célébrer ou non des mariages homosexuels. L'Église anglicane, qui bénéficie d'un statut officiel au Royaume-Uni, a le pouvoir de sceller les mariages au nom de l'État.

«J'insiste sur le fait qu'aucune organisation religieuse ne sera contrainte de célébrer des mariages de couples de même sexe», a dit la ministre. «La loi stipulera qu'il est illégal pour l'Église d'Angleterre et l'Église du Pays de Galles (Églises anglicanes, NDLR) de marier des couples de même sexe.»

Tout comme l'Église anglicane, l'Église catholique est opposée au mariage homosexuel. Mais d'autres groupes religieux comme les Quakers et certains courants libéraux du judaïsme sont ouverts aux mariages entre personnes du même sexe.

En Angleterre et au Pays de Galles, les mariages religieux ont valeur officielle s'ils sont célébrés par des personnes habilitées par l'État. À défaut d'habilitation, les mariés doivent faire venir un officier d'état civil à la cérémonie, ou procéder par ailleurs à un mariage civil.

La consultation lancée par le gouvernement entre mars et juin derniers a recueilli 228 000 réponses, parmi lesquelles 53 % étaient favorables au mariage de personnes de même sexe, contre 46 % qui y étaient opposées. Le gouvernement a par ailleurs reçu des pétitions hostiles au projet totalisant 500 000 signatures.

Ce projet de loi, qui doit entrer en vigueur avant les prochaines élections générales de 2015, était une promesse de campagne des libéraux-démocrates (lib-dems), partenaires des conservateurs dans le gouvernement de coalition. Il est également soutenu par l'opposition travailliste, mais divise le parti tory de David Cameron.

Le chef du gouvernement s'est personnellement déclaré en faveur de cette réforme, à laquelle quelque 40 % des députés conservateurs sont susceptibles de s'opposer ou de s'abstenir lors du vote pour lequel il n'y aura pas de consigne de parti.

Plusieurs députés tories ont manifesté mardi leur désapprobation au Parlement. Gerald Howarth, un ancien secrétaire d'État à la Défense, a assuré que pour la «grande majorité» des gens au Royaume-Uni, le mariage était l'union entre un homme et une femme et qu'une modification de la loi «infligerait un changement social et culturel énorme».

Les couples de même sexe peuvent depuis 2005 s'unir dans le cadre de partenariats civils - quelque 50 000 ont été contractés -, mais les militants des droits des homosexuels ont salué l'annonce du gouvernement comme un pas de plus vers l'égalité.

«Nous sommes ravis de la déclaration du gouvernement», a déclaré le directeur de l'association gaie et lesbienne Stonewall, Ben Summerskill, qui a aussi salué la liberté laissée «aux organisations religieuses qui le souhaitent de célébrer des mariages entre personnes du même sexe».