La Serbie a décidé de réduire sa coopération avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à la suite de l'acquittement de responsables croates et kosovar, a indiqué mercredi l'ambassadeur allemand à l'ONU Peter Wittig.

Lors d'un débat au Conseil de sécurité sur la justice internationale, M. Wittig s'est déclaré «inquiet de l'annonce faite hier par la Serbie dans une lettre adressée au secrétaire général (de l'ONU) qu'elle réduisait sa coopération avec le TPIY à un niveau technique» malgré des promesses antérieures du gouvernement serbe.

Le vice-Premier ministre serbe Aleksandar Vucic s'est borné à indiquer de son côté que «le gouvernement serbe poursuivra sa coopération avec le Tribunal au niveau technique».

M. Vucic a vivement critiqué devant le Conseil l'acquittement par le TPIY de deux généraux croates, Ante Gotovina et Mladen Markac, et de l'ex-Premier ministre kosovar et ex-maquisard Ramush Haradinaj.

«Notre confiance dans la justice internationale a subi un revers très grave avec l'acquittement honteux» de ces trois hommes, considérés comme des criminels de guerre par la Serbie, a-t-il déclaré.

A la mi-novembre, la chambre d'appel du TPIY a annulé la condamnation du général Ante Gotovina à 24 ans de prison et a acquitté le général croate Mladen Markac, accusé de crimes de guerre contre des Serbes en 1995. Début décembre, le tribunal a confirmé l'acquittement de M. Haradinaj, qui était lui aussi accusé de crimes de guerre contre les Serbes commis en 1998.

«Si Gotovina et Markac ne sont pas coupables, qui l'est? Le tribunal n'a pas répondu à cette question», a déclaré M. Vucic.

«En dix ans d'existence, le TPIY a condamné plusieurs anciens responsables politiques et militaires serbes mais il n'a condamné aucun haut responsable croate ou bosniaque», a-t-il souligné. «Ces jugements font donc de la nation serbe le seul peuple responsable de la violence terrible qui a ravagé l'ex-Yougoslavie dans les années 1990», a-t-il déploré, accusant le tribunal de rendre «une justice sélective (..) qui n'est pas la justice».

Pour l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine, les récents acquittements sont «une source de vive inquiètude» et ils «discréditent» la notion même de justice internationale, faisant douter de l'opportunité de renouveler le mandat des juges.