Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou, sous pression en raison des projets d'élargissement de colonies juives dans les territoires palestiniens, était reçu mercredi soir à Berlin par la chancelière allemande Angela Merkel, après une visite à Prague.

Les deux dirigeants devaient dîner mercredi soir à la Chancellerie, avant une réunion de travail jeudi matin, avec en toile de fond des tensions apparues entre les deux pays depuis l'abstention de l'Allemagne au moment du vote conférant à la Palestine un statut d'observateur à l'ONU la semaine dernière.

Mercredi après-midi, l'Union européenne a décidé de convoquer l'ambassadeur d'Israël pour lui exprimer ses «préoccupations» au sujet de projets de nouvelles implantations israéliennes à Jérusalem et en Cisjordanie.

Berlin a également manifesté son inquiétude quant à ces projets, qualifiés lundi de «mauvais signal» par le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert. Berlin n'avait pas pour autant convoqué l'ambassadeur de l'État hébreu, contrairement à huit pays dont cinq européens, notamment la France et la Grande-Bretagne.

Pendant son étape à Prague, mercredi, M. Nétanyahou a remercié les dirigeants de la République tchèque, seul pays de l'UE à avoir voté contre l'octroi à la Palestine du statut d'État observateur à l'ONU.

«Au nom du peuple d'Israël, je veux exprimer mon profond remerciement pour la position claire (de la République tchèque) lors du vote à l'ONU», a dit M. Nétanyahou, au cours d'un point de presse commun avec son homologue tchèque Petr Necas.

«Nous vous remercions de votre amitié et de votre courage. Nous vous remercions de vous être rangés du côté de la vérité», a-t-il insisté, à l'occasion de sa deuxième visite dans la capitale tchèque.

En revanche, M. Nétanyahou a manifesté son amertume quant à l'abstention allemande, dans une interview accordée au journal Die Welt rendue publique juste avant sa visite.

«Je manquerais de franchise si je ne disais pas que j'ai été déçu par le choix de vote allemand aux Nations unies, comme beaucoup en Israël», a-t-il dit.

«Je pense que la chancelière (Angela) Merkel a considéré que ce choix servirait d'une manière ou d'une autre la paix, mais en fait, c'est le contraire qui s'est passé», a-t-il estimé.

Cette résolution n'a fait qu'«encourager les Palestiniens à durcir leur position et à ne pas s'engager dans des négociations».

Pendant un point de presse gouvernemental régulier, mercredi, un porte-parole du gouvernement allemand, Georg Streiter, a déclaré que «plus l'amitié est profonde, plus on peut librement parler de différences d'opinions, sans que cela porte atteinte à l'amitié». «Israël sait en tout cas qu'il peut compter sur l'Allemagne», a-t-il ajouté.

Destinée à atténuer ces tensions, la visite de M. Nétanyahou est la quatrième consultation entre ministres des gouvernements israélien et allemand.

Plusieurs ministres israéliens, notamment celui de la Défense Ehud Barak et celui des Finances Youval Steinitz, participent à cette visite et rencontreront leurs homologues allemands.

M. Nétanyahou assistera également à une cérémonie de commémoration dans la gare de Berlin-Grunewald, à partir de laquelle furent déportés des dizaines de milliers de Juifs pendant la deuxième guerre mondiale.