Le premier ministre ukrainien Mykola Azarov, élu député, a démissionné lundi avec tout son gouvernement, laissant à ses successeurs, pour le moment inconnus, une économie chancelante qui a plongé en récession.    

«Le président Viktor Ianoukovitch a accepté la démission du premier ministre Mykola Azarov», a indiqué la présidence, précisant que selon la loi ukrainienne le départ du premier ministre entraînait celui de l'ensemble du gouvernement.

M. Azarov a présenté sa démission, l'expliquant par son élection pour un mandat de député lors des législatives de la fin octobre, selon un communiqué de la présidence.

Le chef du gouvernement était tête de liste du Parti des régions du président lors de cette élection dont le déroulement a été critiqué en Occident. Nombre de ministres ont également été élus au Parlement.

Le chef de l'État a chargé le gouvernement d'expédier les affaires courantes jusqu'à la nomination d'un nouveau cabinet.

M. Azarov, un bureaucrate fidèle au président, souvent raillé pour sa langue de bois, dirigeait le gouvernement depuis l'élection de M. Ianoukovitch à la présidence début 2010.

L'équipe au pouvoir était vertement critiquée pour le recul de la démocratie, l'approfondissement de la corruption dans le pays et des pressions sur les milieux d'affaires.

Pour certains, M. Azarov pourrait être remplacé par un représentant de la «famille», le nom donné par la presse et l'opposition au puissant clan politico-financier incarné par M. Ianoukovitch et son fils aîné Olexandre.

«Cette décision de Ianoukovitch augmentera vraisemblablement les chances de la famille de nommer son premier ministre», a estimé sur sa page Facebook le député d'opposition Ostap Semerak.

Plusieurs analystes ont ainsi cité parmi des candidats à ce poste le chef de la Banque centrale d'Ukraine Sergui Arbouzov, 36 ans, considéré comme un homme de confiance d'Olexandre Ianoukovitch.

Parmi d'autres candidats figurent le vice-premier ministre Valeri Khorochkovski, considéré comme plutôt réformateur, le secrétaire du Conseil de la sécurité nationale Andri Kliouev ou encore la chef adjointe de l'administration présidentielle Irina Akimova.

Le leader du groupe parlementaire du Parti des régions, Olexandre Efremov, a même estimé que M. Azarov pourrait être reconduit à son poste par le nouveau Parlement, qui se réunira pour la première fois le 12 décembre, selon Interfax.

Le nouveau gouvernement pourrait être nommé le 13 ou le 14 décembre, selon le président de l'assemblée sortante, Volodymyr Litvine, cité par Interfax.

Le nouveau premier ministre va faire face à des défis sérieux, notamment en matière économique, alors que cette ex-république soviétique, lourdement frappée par la crise économique mondiale de 2008, a de nouveau plongé en récession.

Le PIB ukrainien a chuté de 1,2 % au troisième trimestre de l'année et risque d'afficher une croissance zéro pour l'ensemble de l'année, prédisent plusieurs banques. Un autre risque est la dévaluation de la monnaie nationale, inévitable, selon des analystes.

«La Banque centrale a poussé l'économie en récession» en restreignant les liquidités bancaires pour éviter cette dévaluation à l'approche des législatives, a écrit l'édition ukrainienne du magazine Forbes dans son éditorial de décembre.

«Dans la série prochaine, on verra l'expiation sous forme de la chute du PIB, la dépréciation de la monnaie, des protestations sociales et de la mobilisation de l'opposition», même si celle-ci n'a pas obtenu de majorité dans la nouvelle législature, a poursuivi Forbes.