L'ex-président français Nicolas Sarkozy est entré lundi en scène, plus d'une semaine après le début d'une crise qui a mené son parti UMP au bord de l'implosion, suggérant un nouveau vote pour départager Jean-François Copé et François Fillon, rivaux pour la présidence du mouvement.

Sur la réserve depuis son échec à la présidentielle de mai, l'ancien patron de l'UMP a estimé lundi durant un déjeuner avec François Fillon qu'il serait préférable d'appeler les adhérents de l'UMP à voter une nouvelle fois pour sortir de l'impasse, selon des sources concordantes.

Nicolas Sarkozy privilégie la solution de nouvelles élections «pour éviter l'escalade du conflit», a déclaré à l'AFP l'une de ces sources.

Dans la matinée, Jean-François Copé avait rejeté un tel scénario, jugeant que ce n'était «pas responsable». «L'élection, elle a eu lieu» et «quand il y a des fraudes observées sur une part infime de l'électorat, on ne va pas demander à tout le monde de revoter», avait ajouté le secrétaire général sortant de l'UMP.

Peu après, la commission des recours de l'Union pour un Mouvement Populaire avait confirmé sa victoire à la présidence du mouvement sur l'ex-Premier ministre François Fillon, avec près de 1.000 voix d'avance contre 98 lors de la proclamation des premiers résultats, le 19 novembre.

Des résultats aussitôt récusés par M. Fillon, qui juge cette commission partiale et acquise à son rival et qui a dénoncé un «coup de force».

L'ex-Premier ministre a annoncé son intention de saisir la justice et demandé la saisie à titre conservatoire des données électorales du scrutin controversé «pour rétablir la vérité sur les résultats».

Selon les mêmes sources concordantes approchées par l'AFP, issues des camps Copé et Fillon, Nicolas Sarkozy a déconseillé à l'ex-Premier ministre de saisir la justice.

Menaces de quitter le groupe UMP

À en croire l'entourage de M. Copé, outre son déjeuner avec M. Fillon, M. Sarkozy a eu lundi «une longue et chaleureuse conversation téléphonique» avec le secrétaire général sortant de l'UMP.

Au départ, le vote des militants UMP visait à donner un nouveau patron au parti après le départ de l'Élysée de Nicolas Sarkozy. En ligne de mire: le leadership de la droite française et une probable candidature à la présidentielle de 2017.

Mais le scénario a dérapé à l'annonce de résultats très serrés avec des accusations de fraude réciproques et des fractures politiques profondes.

Pour Alain Juppé, ex-chef de la diplomatie française et fondateur de l'UMP, Nicolas Sarkozy était «le seul aujourd'hui à avoir l'autorité suffisante pour proposer éventuellement une sortie» à la crise grave traversée par le mouvement. Dimanche, Alain Juppé s'était essayé à une médiation. Mais en vain.

Immédiatement après l'annonce de la confirmation de sa victoire lundi, Jean-François Copé a appelé, du siège de l'UMP, son adversaire «à choisir le pardon plutôt que la division». «Nous avons besoin de François Fillon», a-t-il ajouté.

Une partie des députés fillonistes ont exclu de rester dans le groupe UMP à l'Assemblée nationale et de soutenir financièrement le parti tenu par Jean-François Copé si ce dernier persiste dans son attitude.

Mardi matin, M. Fillon a prévu de réunir ses soutiens au Parlement, qui débattront s'ils restent dans les groupes UMP de l'Assemblée et du Sénat.

Hasard du calendrier, chacun doit déclarer officiellement, vendredi au plus tard, quelle est sa formation politique de rattachement, de façon à ce que l'État puisse calculer son aide financière aux partis l'an prochain.

Une scission aurait de lourdes conséquences financières pour l'UMP qui touche environ 42 000 euros de l'État par an et par député.