La bataille rocambolesque découlant de l'élection bâclée d'un nouveau président à la tête de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) est repartie de plus belle, au risque de précipiter la scission du principal parti de la droite traditionnelle française.

Le camp de l'ex-premier ministre François Fillon, qui a dit avoir pris acte lundi de la victoire de son adversaire, Jean-François Copé, est revenu sur sa position hier après-midi en relevant que les résultats de trois fédérations d'outre-mer n'avaient pas été comptabilisés.

M. Fillon, officiellement battu par 98 voix selon le décompte fait par la commission interne chargée de l'élection, affirme qu'il a en fait obtenu 26 voix de plus que son adversaire.

Plutôt que de présenter un appel devant la commission de recours, il a demandé à l'un des ténors du parti, Alain Juppé, de prendre la présidence à titre intérimaire en attendant de trouver, avec des représentants des deux factions, une manière de tirer les résultats au clair.

Les députés fidèles à l'ancien premier ministre ont fait savoir qu'ils pourraient quitter le parti si la demande de médiation était refusée. En soirée, M. Fillon a précisé à la télévision qu'il ne «demandait» pas la présidence, mais irait jusqu'à saisir la justice si sa victoire n'était pas reconnue et que le parti refusait de se doter d'une direction collégiale.

Ses demandes ont été accueillies avec stupéfaction par Jean-François Copé, qui avait offert mardi à son adversaire d'occuper un poste de vice-président au sein de l'UMP pour apaiser les esprits.

«Je ne comprends plus rien à tout ça», a souligné le politicien de 48 ans, qui a invité l'ex-premier ministre à s'adresser à la commission de recours au lieu de continuer à «chicailler». «Tant qu'il n'y a pas une autre décision, le président reste président», a-t-il ajouté.

L'ex-ministre Frédéric Lefebvre, demeuré neutre lors de la campagne interne de l'UMP, a déclaré que la «bataille de chiffonniers» entre les deux hommes devait cesser «maintenant».

Les derniers rebondissements du «psychodrame» de l'UMP ont été accueillis avec joie par la dirigeante du Front national, Marine Le Pen, qui espère tirer profit d'un éventuel éclatement de la formation pour devenir l'opposition officielle du pays.

Selon elle, le parti de la droite traditionnelle est désormais «trop fragilisé» pour incarner ce rôle. Il est «peut-être même déjà mort», a ajouté la politicienne.