L'élection du chef du premier parti d'opposition de France, l'UMP, orpheline de Nicolas Sarkozy, a connu mercredi un rebondissement spectaculaire avec la mise en cause par François Fillon de la victoire de Jean-François Copé, pourtant acceptée deux jours auparavant.    

Ce coup de théâtre semble donner le coup de grâce à un parti en «miettes» selon des médias, toujours en quête de stratégie et de patron après avoir perdu en mai le pouvoir au profit du parti socialiste de François Hollande.

Le secrétaire général de l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP), Jean-François Copé, a-t-il gagné avec 98 voix de plus que son rival, ou l'ex-premier ministre François Fillon a-t-il au contraire remporté l'élection avec 26 voix d'avance?

Pour le président de la commission chargé du scrutin (COCOE), Philippe Gélard, il n'est pas possible de revenir sur les résultats de cette élection par les militants.

«Nous avons rendu les résultats publics lundi soir. C'était une décision de la COCOE et les deux parties étaient parfaitement au courant (...) Dorénavant, toute contestation doit être adressée, le cas échéant, à la commission des recours», a-t-il indiqué.

Au lendemain du scrutin de dimanche, l'UMP avait montré le visage d'une droite divisée entre un François Fillon tenant d'une droite gaulliste et sociale et un Jean-François Copé, champion d'une droite «décomplexée», mais accusée de collusion avec les thèses du Front national, le principal parti d'extrême droite.

Les deux hommes, qui avaient tous deux clamé leur victoire le jour de l'élection, ont les yeux rivés sur la prochaine présidentielle de 2017 et veulent se servir de la présidence de l'UMP pour être en pole position dans cette perspective.

Après 24 heures de suspense, un résultat favorable à Jean-François Copé avait été rendu et l'ancien chef du gouvernement avait reconnu du bout des lèvres sa défaite. Tout en mettant en garde contre le risque de «fracture» au sein de l'UMP, sous l'oeil ravi de l'extrême droite, des centristes et des socialistes.

«Sortir de l'impasse»

Mais mercredi, trois députés proches de François Fillon ont affirmé que les votes des militants UMP de Nouvelle-Calédonie, Mayotte et Wallis et Futuna, des territoires français dans le Pacifique et l'Océan Indien, avaient été oubliés dans le décompte.

Selon eux, François Fillon est en fait le réel vainqueur du scrutin de dimanche avec 26 voix d'avance sur M. Copé. «Dans le calcul final, 1304 militants ont été privés de leurs choix», estime le député Éric Ciotti.

«Les résultats de ces trois fédérations étaient les suivants : Nouvelle-Calédonie 535 voix à Jean-François Copé, 643 voix à François Fillon. Wallis et Futuna 14 Copé, 3 à Fillon. Mayotte 41 à Copé et 68 à Fillon».

«Leur réintégration conduit donc à 88 004 pour François Fillon, et Jean-François Copé 87 978», a poursuivi M. Ciotti.

«Il s'agit d'une erreur manifeste et grave», a poursuivi M. Ciotti. «Elle doit évidemment être réparée. Nous demandons donc à la COCOE que les résultats soient simplement rétablis», a-t-il demandé.

Dans le même temps, M. Fillon demandait à l'ancien ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, fondateur de l'UMP et dénonciateur ces derniers jours de son état «lamentable» d'assurer «de façon transitoire» la direction du parti «afin de trouver les voies et les moyens de sortir de l'impasse». «Je réclame la vérité», a dit M. Fillon.

Son rival, lui, a immédiatement opposé une fin de non-recevoir.

«Il y a eu des résultats proclamés par la commission électorale et voilà que sortent de nulle part de nouvelles allégations (....) Il y a une commission des recours, on ira à la commission des recours s'il le faut», a déclaré M. Copé.