L'opposante ukrainienne incarcérée Ioulia Timochenko a accepté jeudi de mettre un terme à sa grève de la faim, entamée il y a plus de quinze jours pour protester contre des fraudes lors des dernières législatives, après avoir reçu une visite de ses médecins allemands.

La décision de l'ex-première ministre âgée de 51 ans a été annoncée jeudi par ses médecins allemands et ukrainiens, qui n'ont pas toutefois pas expliqué ses raisons.

«À partir de demain (vendredi), elle arrête sa grève de la faim», a déclaré à la presse Lutz Harms, son médecin de la clinique berlinoise Charité, venu l'examiner pour la première fois depuis le début de sa grève.

«Elle est très affaiblie», a ajouté sa collègue allemande Annette Reischauer.

Un peu plus tard, le médecin ukrainien de Mme Timochenko, Irina Foursa, a indiqué qu'elle avait finalement commencé à manger dès jeudi.

La ministre adjointe de la Santé ukrainienne, Raïssa Moïsseenko, a expliqué que l'opposante avait pris sa décision après avoir vu ses médecins allemands.

Des médecins ukrainiens, qui surveillaient son état, lui avaient conseillé à plusieurs reprises d'arrêter sa grève, et ces derniers jours, elle semblait être prête à le faire, a-t-elle ajouté.

«Aujourd'hui, les spécialistes allemands lui ont également fermement recommandé» d'y mettre fin, a souligné Mme Moïsseenko.

Mme Timochenko, transférée de sa prison à l'hôpital en raison de hernies discales, avait entamé une grève de la faim au lendemain des législatives du 28 octobre, remportées par le parti au pouvoir, pour protester contre la «falsification» des élections par le régime.

Ces législatives ont été sévèrement critiquées par les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe qui ont dénoncé un recul de la démocratie dans cette ex-république soviétique.

Le 7 novembre, un de ses avocats avait déclaré que son état de santé s'était brusquement aggravé et que l'opposante se levait «à peine».

En début de semaine, trois partis d'opposition qui doivent entrer au Parlement lui avaient enjoint de cesser son mouvement, affirmant que le pouvoir serait «content de se débarrasser» d'elle.

Le docteur Harms a indiqué que cette grève de la faim avait compromis les résultats du traitement médical pour ses hernies discales.

«Cette grève de la faim était sans aucun doute un pas en arrière», a-t-il estimé.

Il a appelé les autorités ukrainiennes à améliorer les conditions de vie de Mme Timochenko à l'hôpital et notamment à mettre fin à sa surveillance vidéo.

«Une des conditions importantes pour le traitement est la confiance entre le médecin et son patient», a-t-il souligné.

Incarcérée depuis août 2011, Mme Timochenko a été condamnée deux mois plus tard à sept ans de prison pour abus de pouvoir. L'affaire a provoqué une grave crise entre l'Ukraine et l'Occident qui estime que ces poursuites judiciaires ont des motifs politiques.

L'égérie de la révolution pro-occidentale de 2004 est également jugée pour fraude fiscale et détournement de fonds et figure en qualité de témoin dans une affaire de meurtre d'un député en 1996.

Mme Timochenko dénonce ces poursuites comme vengeance personnelle de son adversaire, le président Viktor Ianoukovitch dont elle était la principale rivale à l'élection de 2010.

Réputée pour sa combativité exceptionnelle, elle avait déjà observé une grève de la faim de trois semaines au printemps pour protester contre des violences dont elle affirme avoir été victime en prison.