Des procédures disciplinaires étaient en cours mardi à la BBC, qui se trouve sur le banc des accusés après la dévastatrice diffusion d'une enquête accusant à tort un homme politique de pédophilie, et se cherche un directeur général apte à la sortir d'une crise majeure.

Les sanctions étaient attendues sous peu au sein du plus grand groupe public audiovisuel du monde au lendemain de la publication d'un rapport féroce sur les erreurs journalistiques «inacceptables» qui ont conduit ce reportage à être diffusé dans le cadre de l'émission Newsnight.

La BBC a annoncé le lancement «immédiat» de «procédures disciplinaires».

Elle se penche notamment sur le rôle dans ce fiasco du directeur de la BBC en Irlande du Nord, Peter Johnston, 46 ans, «impliqué dans des décisions à propos du reportage de Newsnight du 2 novembre».

Ce reportage, basé sur le témoignage d'un homme qui s'est ensuite rétracté, a conduit samedi soir à la démission du directeur général George Entwistle, déjà ébranlé par l'affaire Jimmy Savile.

La gestion éditoriale du scandale touchant cet ancien animateur-vedette de la BBC aujourd'hui décédé, soupçonné d'avoir agressé jusqu'à 300 enfants et adolescents pendant quatre décennies, a par ailleurs conduit lundi à la mise sur la touche de deux hauts responsables.

La directrice de l'information, Helen Boaden, et le vice-directeur Stephen Mitchell, sont concernés par une enquête indépendante destinée à faire la lumière sur les raisons qui ont mené la BBC à renoncer à diffuser fin 2011 une enquête révélant les accusations d'agressions sexuelles à l'encontre de Jimmy Savile.

Ils ont été temporairement suspendus de leurs fonctions habituelles, en attendant les conclusions d'une enquête en cours.

Mais une polémique a par ailleurs éclaté à propos des indemnités de départ allouées à George Entwistle, qui doit recevoir l'équivalent d'un an de salaire, soit 450 000 livres (560 000 euros). Mardi, le vice-premier ministre Nick Clegg a joint ses voix aux critiques, estimant comme David Cameron la veille que cette somme était «difficile à justifier».

Il a toutefois ajouté sur la BBC que ce n'était pas aux autorités de s'impliquer dans la gestion de ce groupe, «à juste titre, indépendant du monde de la politique et du gouvernement», et refusé d'appeler comme certains à la démission de Chris Patten, président du «BBC Trust», l'organisme de contrôle du groupe audiovisuel.

Selon le Times, Lord Patten cherche un nouveau directeur général qui ne soit pas un employé de longue date de la BBC comme l'était George Entwistle. Le journal cite ainsi le nom du directeur général du Royal Opera House, Tony Hall.

L'actuel favori selon les bookmakers est Ed Richards, qui dirige l'autorité britannique de régulation des communications Ofcom, suivi par l'actuel directeur général intérimaire, Tim Davie. Ce dernier a promis lundi de «reprendre les choses en main» pour sortir le groupe de la crise.

Mais les scandales touchant la BBC suscitent de virulentes critiques dans la presse conservatrice, qui appelle à la réorganisation du groupe public jugé «bureaucratique» ou «sclérosé».

Financée par l'argent du contribuable britannique, la «British Broadcasting Corporation» (BBC) compte près de 23 000 employés pour une audience d'environ 239 millions de personnes, selon des chiffres de la Beeb. Elle célèbre mercredi, dans un contexte de crise, le 90e anniversaire de sa première retransmission radiophonique.